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Par Denis Fainsilber | 18/04 | 06:00 | mis à jour à 11:00
Par Denis Fainsilber | 18/04 | 06:00 | mis à jour à 11:00
Fin 2015, plusieurs constructeurs achèteront à Bibendum son nouveau pneu.
Increvable mais vrai : le pneu à plat devrait prochainement n’être qu’un mauvais souvenir. Michelin prépare activement le lancement d’un nouveau procédé, une sorte de membrane plaquée à l’intérieur d’un pneu de voiture qui, en cas de crevaison, viendra automatiquement boucher le trou, même à l’insu du conducteur. Mieux, le produit restera actif et pourra ainsi servir plusieurs fois, si le même pneu venait à rencontrer plusieurs fois clous ou agrafes sur sa route.
Dévoilée comme piste de recherche en 2011, cette trouvaille, dont Bibendum tait encore le nom commercial, sera mise sur le marché fin 2015, en vertu d’accords signés avec des constructeurs automobiles non dévoilés à ce stade, qui l’installeront en première monte sur leurs modèles. Elle sera présentée à François Hollande, en visite ce matin à Ladoux, près du siège de Clermont-Ferrand, sur le chantier du futur centre de R&D du groupe.
Rassurer les automobilistes
Surtout, cette innovation sera loin d’être réservée à quelques 4 × 4 de luxe type Audi ou BMW, mais bel et bien conçue pour une production de masse, sur plusieurs continents, et comme une évolution des pneus existants. « Nous pensons à des centaines de millions d’unités par an », détaille Florent Menegaux, le directeur des produits tourisme et camionnettes. D’ailleurs, si le procédé prend un peu de temps à être lancé, c’est « parce qu’il suppose pas mal de changements dans nos différentes usines », ajoute-t-il. Ce pneu autoréparable « possède ses propres caractéristiques », mais Bibendum scrute du coin de l’œil ses grands concurrents, qui pensent eux aussi à des solutions analogues.
En fait, le procédé n’est pas totalement nouveau. « Nous avions déjà lancé cela dans le passé, sur les produits Kléber en Europe ou Uniroyal aux Etats-Unis. Mais les défauts étaient mal maîtrisés à l’époque, le produit avait tendance à se promener dans le pneu lors des phases de freinage », reconnaît Florent Menegaux. Aujourd’hui, la recherche a fait des progrès, la trouvaille tient mieux en place, et a été testée par – 20 ou + 50 °C. « Désormais, nous sommes sortis du labo, et avons développé un prototype industriel », ajoute-t-il.
Par rapport à l’autre solution anti-crevaison, les flancs autoporteurs, imposés hier par divers concurrents, solution qui représente une certaine masse supplémentaire, et que Michelin considère comme transitoire bien qu’il en commercialise sous le label ZP, la prochaine « peau interne » ne représente que quelques centaines de grammes de surpoids. Sa présence devrait concourir à rassurer les automobilistes, parfois réticents face au mouvement général de suppression de la roue de secours au nom de l’allégement des véhicules. « Aujourd’hui en Europe, on crève beaucoup moins qu’avant. Mais ce n’est jamais au bon moment, et les gens se rappellent longtemps de ce mauvais souvenir », reconnaît le dirigeant de Michelin.
Les continents peu égaux face aux crevaisons
« En Europe, aujourd’hui, une crevaison arrive en moyenne tous les 75.000 km, alors que cette moyenne est de seulement 8.000 km en Chine », détaille Florent Menegaux. Plusieurs raisons à cela : la présence de très nombreux chantiers de construction dans les métropoles chinoises, qui génèrent leur lot de clous et vis perdus, le moindre entretien des routes, synomyme de nids-de-poule, et surtout le fait que les automobilistes chinois roulent en moyenne deux fois plus que les Européens de l’Ouest. Les experts de Bibendum ont ausculté des cimetières de voitures, et découvert que là-bas, chaque pneu avait été réparé deux à trois fois en moyenne dans son cycle de vie ! D’où l’importance que revêtira, pour Michelin, la commercialisation d’une solution anti-crevaison sur le premier marché automobile mondial...
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