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Par Eliane HONG 07 mai 2014
Par Eliane HONG 07 mai 2014
La technologie wearable ne fait pas encore l’unanimité mais les développeurs doivent prendre en compte le contexte social pour concevoir des produits qui finiront par être acceptés et intégrés aux habitudes des utilisateurs.
Entretien avec Mark Curtis, CCO chez Fjord, studio de conseil en design et innovation d’Accenture Interactive, dans le cadre de sa présentation « Wearable Tech : cool or creepy ? » au sommet européen mSanté à Berlin.
L’Atelier : Quels sont les faits marquants dans le secteur du wearable aujourd’hui ?
Mark Curtis : Pour que le wearable devienne cool, il y a plusieurs choses à prendre en compte. Premièrement, l’industrie de la mode doit s’y intéresser car si le wearable continue à être considéré comme un produit technologique, il n’atteindra jamais le grand public. Ce qu’on observe donc aujourd’hui c’est que l’industrie de la mode s’y intéresse bien. L’exemple le plus significatif cette année est le partenariat de Luxottica (ndlr : leader mondial dans la fabrication et la distribution de montures de lunettes, a racheté notamment les marques Ray-Ban et Oakley) avec Google Glass. Bien que le port des Google Glass laisse encore sceptique, la technologie, lorsqu’elle est intégrée à un objet du quotidien qu’on a l’habitude d’utiliser, est acceptée plus rapidement.
Ensuite, de nombreux débats sociaux sont en cours sur le fait d’accepter ou non le port des Google Glass dans des lieux publics. Ces débats s’articulent autour de plusieurs arguments : pouvoir récolter un fil d’informations à distance sans avoir la permission des personnes présentes autour, se demander si être présent et visible dans un lieu public est problématique ou non, etc. Les gens vont donc se poser des questions sur la définition de l’espace social.
Enfin, des questions au sujet des données existent bien évidemment. Utiliser les données d’un wearable ne sera pas effrayant si cela reste entre mes mains, ou si je les partage avec mon médecin ou mon coach sportif. Mais si ma compagnie d’assurance y a accès sans mon approbation, cela peut devenir dangereux. Cela signifie donc que le contexte est important lorsqu’il s’agit de contrôler ses données et les différents niveaux d’autorisation d’accès.
Les entreprises développant des wearable doivent-elles s’adapter à ces problématiques de protection de données dans leur développement ?
Bien sûr, elles doivent travailler autour de ces problématiques et également prendre en compte le contexte social dans lequel elles interviennent et dans lequel leur produit est utilisé. À partir du moment où j’utilise un wearable, je le place dans un contexte social, c’est-à-dire que d’autres personnes sont aussi impliquées. Les entreprises doivent donc concevoir leur produit autant en fonction de l’utilisateur principal qu’en fonction des autres personnes gravitant autour de ce dernier.
Aujourd’hui, le wearable suscite de nombreux débats, mais finira-t-il par être socialement accepté ?
Oui, sans aucun doute. Je pense que c’est un débat tout à fait légitime et utile au développement et à l’amélioration de la technologie et des services. Je suis persuadé que la technologie numérique est capable de résoudre de nombreux problèmes de santé. Nous sommes en possession d’outils performants comme le smartphone et il est nécessaire de développer des objets capables de communiquer avec lui.
Dans combien de temps le wearable sera-t-il intégré à nos habitudes ?
Nous observerons de nombreux changements très rapidement mais je pense qu’un cycle d’une vingtaine d’années sera nécessaire avant que le marché ne se stabilise. Il y a l’exemple du Web qui a débuté à la fin des années 1990 et encore aujourd’hui, les business models évoluent et apportent des solutions disruptives. Ou bien le smartphone s’est popularisé il y a environ sept ans, je pense que nous en sommes encore à un stade précoce de la révolution mobile et que nous continuons à découvrir de nouvelles fonctions. Le wearable suivra ainsi la même évolution.
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