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Par Ridha Loukil -
Par Ridha Loukil -
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Les éditeurs français de logiciels voient dans le cloud l’opportunité de se développer, notamment à l’international. Si certains ont entamé leur transition avec succès, ce sont les start-up qui brillent par leur audace en se lançant à 100 % dans le nuage.
Le logiciel français prend le chemin du cloud. Selon une étude de CXP, 42% des 100 premiers éditeurs disposent déjà d’une offre dans le nuage. Mais selon Dominique Dupuis, analyste dans ce cabinet, peu font du vrai cloud à la Salesforce, leader américain de la gestion de la relation client 100% cloud et référence en la matière. "Beaucoup sont plutôt sur l’ancien modèle ASP de location de logiciel en ligne, sans mutualisation des ressources, ni partage de logiciel entre les utilisateurs", avance l'analyste. Le poids du cloud est encore faible mais progresse. Selon l’étude 2014 de PwC et l’AFDEL (Association française des éditeurs de logiciels et services Internet), sa part dans le chiffre d’affaires des 100 premiers éditeurs français a grimpé de 6% en 2010 à 9% en 2013.
LE CLOUD OU MOURIR ?
L’enjeu est vital. "La migration vers le cloud ressemble au passage de la photo au numérique, lance Thierry Debleds, manager chez Solution, un cabinet de conseil en informatique. Le spectre de faillite deKodak plane sur tous ceux qui n’auront pas pris le virage." L’industrie française du logiciel doit accélérer sa transition. D’autant qu’elle tend à s’essouffler. Selon l’étude 2014 de PwC et l’AFDEL, la croissance du Top 100 a chuté de 14% en 2010 à moins de 2% en 2013. Or pour les champions du cloud, la progression va de 24% pour SideTrade (éditeur de logiciel de gestion des factures clients) à 115% pour Trace One (éditeur de solution de gestion de la traçabilité des produits dans la distribution) sur la même période. Elle dépasse même les 2000% pour Pretty Simple, éditeur de jeux sur Facebook.
Le logiciel français
2 500 éditeurs, dont Dassault Systèmes dans le top 20 mondial
Plus de 5,2 milliards d’euros de chiffre d’affaires en produits
Plus de 70 000 emplois, dont 90 % en France
Plus de 5,2 milliards d’euros de chiffre d’affaires en produits
Plus de 70 000 emplois, dont 90 % en France
Source : Afdel
UNE TRANSITION DÉLICATE
Pour les éditeurs traditionnels, la migration n’est pas simple. "La transformation est d’une telle ampleur qu’ils sont obligés d’y aller avec prudence", constate Eric Menard, directeur en charge des études et de la stratégie à l’AFDEL. Les risques financiers et techniques, liés au passage de la vente de juteuses licences, encaissées une fois, au modèle de vente de services en ligne sur abonnement, sont importants. La transition est délicate, car elle induit au début une baisse des revenus et une flambée des investissements. Selon CXP, elle dure jusqu’à 8 ans. Mais une fois ce cap difficile passé, l’éditeur s’installe dans un modèle vertueux avec des revenus récurrents, un processus d’innovation simplifié et une cible commerciale étendue au monde entier.
DÉMOCRATISER SA TECHNOLOGIE
"On a conquis des clients qui n’étaient pas prêts à payer des licences. Le cloud nous a ouvert le marché des entreprises de 500 à 800 millions d’euros de chiffre d’affaires, alors qu’avant on se limitait à celles de plus de 1 milliard d’euros", témoigne Gérard Dahan, directeur général d’Ivalua, spécialiste de la gestion des achats. Même bénéficie chez Dassault Systèmes. "Avec le cloud, nous visons les professionnels, qui travaillent par projet, qui ont des besoins occasionnels ou qui n’ont pas les moyens d’investir dans des moyens de CAO en propre : architectes, designers, ingénieristes, bureaux d’études, etc.", explique Pascal Daloz, directeur général adjoint en charge de la stratégie et du développement. Objectif : réaliser 25% des ventes de logiciels par ce mode dans trois ans, contre environ 7% aujourd’hui.
UN SÉSAME POUR L'INTERNATIONAL
Autre intérêt du cloud : l’accès à l’International. "Le cloud fait tomber les frontières et facilite l’export, comme en témoignent la réussite de Criteo dans la publicité en ligne ou de Talend dans le Big Data. Les champions français vont devenir ainsi plus internationaux", affirme Jamel Labed, président de l’AFDEL."Sans le cloud, on n’aurait pas pu percer, confie Damien Duchateau, PDG d’Ines, un petit éditeur de solution de gestion de la relation client. On a pu se développer à l’étranger sans y être présent et en tirer ainsi près de la moitié de nos revenus." Et "pas besoin d’ouvrir une filiale pour aller à l’export, un système de paiement international suffit" estime de son côté Alain Garnier, gérant de Jamespot, éditeur de solution de réseau social d’entreprise, qui se s’attaque ainsi au Benelux, aux Pays-Bas, à la Suisse et au Royaume-Uni.
Un marché plein de promesses
En France, le marché du logiciel dans le cloud devrait croître de 31 % par an pour dépasser 1,8 milliard d’euros en 2016, selon le cabinet IDC. Gartner estime, lui, le marché mondial à 33 milliards de dollars en 2015. Selon une étude du cabinet PAC, 63 % des éditeurs français voient dans ce développement l’opportunité d’augmenter leurs ventes à l’international.
UN NOUVEAU MARCHÉ EN SOI
Pour Bruno Vanryb, président du Conseil logiciel au Syntec Numérique, le cloud n’est pas juste un nouveau modèle de vente de logiciels. "C’est aussi une belle opportunité pour les éditeurs de logiciels d’infrastructure, car il réclame des solutions de mesure, de gestion des flux, de sécurisation des données, etc. qui n’existaient pas dans le modèle traditionnel." Des éditeurs comme Axway (gouvernance des flux de données), Talend (intégration des données de Big Data) ou Scality (stockage en ligne défini par logiciel) en profitent à plein. Le phénomène bénéficie également à une myriade de pépites comme Clever Cloud (déploiement d’applications), Teevity (analyse des coûts d’utilisation du cloud), Nuage Labs (passerelle vers le stockage en ligne) ou Hedera Technology (optimisation des ressources).
UN ELDORADO POUR START-UP
Contrairement aux acteurs traditionnels, qui hésitent à aller vite de peur de déstabiliser l’existant, les jeunes éditeurs ne se posent pas de question : ils se lancent d’emblée dans le cloud. "Après un démarrage en 2001 sur le modèle ASP, nous avons naturellement évolué vers le modèle du cloud,témoigne Jérôme Malavoy, président-fondateur de Trace One, spécialiste de la gestion de traçabilité des produits dans la distribution. Le pari était risqué, car, à l’époque, la technologie était encore incertaine. C’est grâce à ce modèle que nous nous développons aujourd’hui dans 115 pays."
Pour ces pépites à fort potentiel, l’enjeu se situe dans la maîtrise des canaux de distribution, différents des canaux traditionnels, et l’accès au financement nécessaire à leur croissance à l’international. "Elles ont besoin d’aide pour grandir, sinon elles finissent par se faire racheter par des acteurs étrangers", prévient Emmanuelle Olivié-Paul, consultante chez Markess International. Comme en témoigne le rachat en 2013 de Neolane (marketing en ligne) par l’américain Adobe, Run my Process (gestion des processus métiers) par le japonais Fujitsu ou Kxen (analyse prédictive) par l’allemand SAP.
Ridha Loukil
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