mardi 8 novembre 2011

Les opérateurs limitent la vitesse des smartphones

07/11 | 17:06 | mis à jour à 18:11 | Solveig Godeluck

Orange et SFR commencent discrètement à appliquer des plafonds de débits à certains forfaits bon marché. Les clients ne peuvent plus exploiter le potentiel de réseaux et de smartphones ultra-rapides.

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Solveig GODELUCK
Solveig GODELUCK

Vous croyiez pouvoir surfer plus vite que quiconque avec votre « super-phone » ? Las, il fallait regarder plus en détail les conditions générales d'abonnement. Car depuis peu, dans certains forfaits, le débit de l'Internet mobile est automatiquement bridé. Et cela dès le début du mois, sans même attendre que l'utilisateur ait consommé son quota de 500 mégaoctets de données. C'est notamment le cas des forfaits à bas prix lancés par SFR à la rentrée pour concurrencer B&You de Bouygues Telecom et Sosh de France Télécom. Ainsi, la formule à 29 euros (Série Red 8h+500 Mo) plafonne à 3,6 mégabits par seconde, et celle à 34 euros (Série Red 2 Go) permet d'aller « jusqu'à 7,2 Mbps ». Pour le savoir, il faut télécharger la fiche d'information standardisée.
A l'évidence, les opérateurs ne tiennent pas à faire de la publicité à cette innovation marketing. Il semble d'ailleurs que certains opérateurs virtuels mobiles, tels que Virgin Mobile, pratiquent cette forme de bridage depuis longtemps. Il s'agit bel et bien de faire un sort au coûteux Internet « illimité ». Ce dernier n'a d'ailleurs jamais été une réalité : après avoir mis en option certains usages d'Internet comme la voix sur IP, les « newsgroups », la fonction modem du mobile, les opérateurs ont commencé à brider le débit au-delà d'un certain seuil de consommation, puis à le bloquer (d'où l'achat de « recharges » Internet). Et les expérimentations ne font que commencer. Cet été, le site « Owni » a publié un document de travail de la Fédération française des télécoms évoquant diverses façons de segmenter les forfaits en fonction du débit, du volume, des applications... Ce qui a scandalisé les internautes.

Les « mobigoinfres se gavent »

Pourtant, la gestion sur mesure des ressources va devenir une nécessité pour les opérateurs, alors que la consommation de données explose. Si l'année dernière les abonnés possédant des smartphones haut de gamme avalaient autour de 200 mégaoctets par mois, en 2011 ils engouffrent près de 800 mégaoctets. Les « mobigoinfres » se gavent, car ils ont des mobiles ultra-puissants : le Galaxy S2 de Samsung peut surfer sur un réseau 3G+ à 21 mégabits par seconde (Mbps), et d'autres vont bientôt sortir, dont un Huawei, qui atteindront 42 Mbps. Un bolide c'est bien, encore faut-il avoir le circuit de formule 1. SFR puis Bouygues Telecom ont récemment annoncé le déploiement de liaisons ultra-rapides à 42 Mbps. De son côté, Orange laisse planer le mystère sur les capacités de son réseau, mais affirme que les meilleures offres vont jusqu'à 14,4 Mbps. En réalité, le régulateur des télécoms a publié vendredi son étude sur la qualité du service mobile, avec un débit médian de l'Internet mobile de 4,8 Mbps chez Orange, 2,8 Mbps chez SFR, et 1,2 Mbps chez Bouygues Telecom.
Malgré des infrastructures plus performantes, Orange a été le premier opérateur de réseau à tester la limitation de vitesse. Depuis 2010, ses clients M6 Mobile facturés seulement 20,90 euros par mois sont ainsi cantonnés à un débit de 3,6 Mbps. Quant aux « digital natives » qui ont opté pour Sosh, une offre à bas prix, disponible uniquement via le Web, ils bénéficient d'un plafond plus élevé, 7,2 Mbps, eu égard à leur exigence technologique. En somme, les clients qui ne paient pas très cher ne peuvent pas bénéficier de l'aubaine d'un réseau ultra-rapide, ce qui permet à l'opérateur de mieux gérer ses ressources. « Nous ne cherchons pas à limiter les usages mais à adapter les forfaits. Notre segmentation correspond aux usages de nos clients », explique Michel Jumeau, directeur marketing mobile chez Orange France. Le pendant de ces forfaits bridés, ce seront probablement à l'avenir des offres de « première classe » en matière de débit. Mais bien sûr, il faudra en payer le prix.
SOLVEIG GODELUCK
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