Orange et SFR commencent discrètement à appliquer des plafonds de débits à certains forfaits bon marché. Les clients ne peuvent plus exploiter le potentiel de réseaux et de smartphones ultra-rapides.
En bourse
Vous croyiez pouvoir surfer plus vite que
quiconque avec votre « super-phone » ? Las, il fallait regarder plus en
détail les conditions générales d'abonnement. Car depuis peu, dans
certains forfaits, le débit de l'Internet mobile est automatiquement
bridé. Et cela dès le début du mois, sans même attendre que
l'utilisateur ait consommé son quota de 500 mégaoctets de données. C'est
notamment le cas des forfaits à bas prix lancés par SFR à la rentrée
pour concurrencer B&You de Bouygues Telecom et Sosh de France
Télécom. Ainsi, la formule à 29 euros (Série Red 8h+500 Mo) plafonne à
3,6 mégabits par seconde, et celle à 34 euros (Série Red 2 Go) permet
d'aller « jusqu'à 7,2 Mbps ». Pour le savoir, il faut télécharger la fiche d'information standardisée.
A
l'évidence, les opérateurs ne tiennent pas à faire de la publicité à
cette innovation marketing. Il semble d'ailleurs que certains opérateurs
virtuels mobiles, tels que Virgin Mobile, pratiquent cette forme de
bridage depuis longtemps. Il s'agit bel et bien de faire un sort au
coûteux Internet « illimité ». Ce dernier n'a d'ailleurs jamais été une
réalité : après avoir mis en option certains usages d'Internet comme la
voix sur IP, les « newsgroups », la fonction modem du mobile, les
opérateurs ont commencé à brider le débit au-delà d'un certain seuil de
consommation, puis à le bloquer (d'où l'achat de « recharges »
Internet). Et les expérimentations ne font que commencer. Cet été, le
site « Owni » a publié un document de travail de la Fédération française des télécoms
évoquant diverses façons de segmenter les forfaits en fonction du
débit, du volume, des applications... Ce qui a scandalisé les
internautes.
Les « mobigoinfres se gavent »
Pourtant,
la gestion sur mesure des ressources va devenir une nécessité pour les
opérateurs, alors que la consommation de données explose. Si l'année
dernière les abonnés possédant des smartphones haut de gamme avalaient
autour de 200 mégaoctets par mois, en 2011 ils engouffrent près de 800
mégaoctets. Les « mobigoinfres » se gavent, car ils ont des mobiles
ultra-puissants : le Galaxy S2 de Samsung peut surfer sur un réseau 3G+ à
21 mégabits par seconde (Mbps), et d'autres vont bientôt sortir, dont
un Huawei, qui atteindront 42 Mbps. Un bolide c'est bien, encore faut-il
avoir le circuit de formule 1. SFR puis Bouygues Telecom ont récemment
annoncé le déploiement de liaisons ultra-rapides à 42 Mbps. De son côté,
Orange laisse planer le mystère sur les capacités de son réseau, mais
affirme que les meilleures offres vont jusqu'à 14,4 Mbps. En réalité, le
régulateur des télécoms a publié vendredi son étude sur la qualité du service mobile, avec un débit médian de l'Internet mobile de 4,8 Mbps chez Orange, 2,8 Mbps chez SFR, et 1,2 Mbps chez Bouygues Telecom.
Malgré
des infrastructures plus performantes, Orange a été le premier
opérateur de réseau à tester la limitation de vitesse. Depuis 2010, ses
clients M6 Mobile facturés seulement 20,90 euros par mois sont ainsi
cantonnés à un débit de 3,6 Mbps. Quant aux « digital natives » qui ont
opté pour Sosh, une offre à bas prix, disponible uniquement via le Web,
ils bénéficient d'un plafond plus élevé, 7,2 Mbps, eu égard à leur
exigence technologique. En somme, les clients qui ne paient pas très
cher ne peuvent pas bénéficier de l'aubaine d'un réseau ultra-rapide, ce
qui permet à l'opérateur de mieux gérer ses ressources. « Nous ne
cherchons pas à limiter les usages mais à adapter les forfaits. Notre
segmentation correspond aux usages de nos clients », explique
Michel Jumeau, directeur marketing mobile chez Orange France. Le pendant
de ces forfaits bridés, ce seront probablement à l'avenir des offres de
« première classe » en matière de débit. Mais bien sûr, il faudra en
payer le prix.
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