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Des chercheurs
allemands et hollandais viennent de mettre au point une cellule solaire
capable de produire de l’hydrogène et de l’oxygène par électrolyse de
l’eau, ou hydrolyse. De quoi stocker l’énergie solaire et envisager un
mode de production durable pour l’hydrogène, un potentiel carburant
d’avenir.
Le 02/08/2013 à 16:29
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L'électrolyse de l'eau, ou hydrolyse, est une technique qui produit du dihydrogène (H2) et du dioxygène (O2) en partant de l’eau, grâce à un courant électrique. © Adam Rędzikowski, Wikimedia Commons, cc by sa 3.0
Souvent évoqué comme le carburant du futur, l’hydrogène est un bon candidat pour alimenter les voitures dotées de piles à combustible. Mais il rencontre un plusieurs écueils : sa production avec les méthodes actuelles (comme l’électrolyse) reste chère, peu efficace, et impacte l’environnement.
Aussi, la possibilité de produire de l’hydrogène à partir d'eau et de lumière du soleil
est suivie avec sérieux, et plusieurs recherches récentes en
témoignent. En 2008, des chercheurs russes avaient proposé une méthode
de photosynthèse artificielle dans ce but. Une équipe suisse poursuit le même objectif, en tournant ses recherches vers l’eau et l’oxyde de fer,
plus communément appelé rouille. L’an dernier, cette équipe courait
toujours après un rendement de conversion de 10 % de l’énergie solaire
en hydrogène.
Conversion bon marché de l’énergie solaire en hydrogène
Dans le même ordre d’esprit, des chercheurs de
l’université de technologie de Delft (Pays-Bas) et du Helmholtz-Zentrum
Berlin (HZB) ont couplé une cellule solaire simple et une photoanode en
oxyde métallique, ont réussi à atteindre un taux de conversion de 5 % de
l’énergie lumineuse en hydrogène. Selon les scientifiques, leur
dispositif est nettement moins coûteux que des cellules de haut
rendement à triple jonction en silicium amorphe ou d’autres semi-conducteurs utilisés pour ce type de réaction. Leurs résultats sont exposés dans la revue Nature Communications.
Quand la lumière (flèche arc-en-ciel) atteint le système, un potentiel électrique est créé. La couche d’oxyde métallique (grad-doped BiVO4)
capte une partie de la lumière et sert de photoanode. La couche est
reliée à la cellule solaire (en noir) par l’intermédiaire d’un pont
conducteur en graphite. La cellule reçoit également une partie de la
lumière, augmentant le potentiel électrique. L’oxygène se forme alors au
niveau de la photoanode, tandis que l’hydrogène est dégagé au niveau
d’une spirale de platine plongée dans l’eau et qui fait office de
cathode. © Université de technologie de Delft
Pour leur photoanode, le choix s’est porté sur le vanadate de bismuth (BiVO4), qui, à l’instar de la cellule solaire
simple, a un coût modique : il est disponible en abondance, et est
utilisé comme pigment jaune dans les peintures. Son usage permet en
principe d’atteindre un taux de conversion de 9 % de l’énergie lumineuse
en hydrogène dans le dispositif des chercheurs. Cet oxyde métallique a
donc été déposé sur une surface de verre conducteur. Puis l’on a
recouvert le tout d’un catalyseur bon
marché, le phosphate de cobalt, en contact avec l’eau, et qui aide à
accélérer notablement la formation de dioxygène. Le tout repose sur la
cellule solaire, et celle-ci n’est donc pas en contact avec l’eau.
Le plus grand défi, pour les chercheurs, résidait
dans la séparation correcte des charges au sein de l’oxyde métallique.
En d’autres termes, il s’agissait d’éviter leur recombinaison : si les charges se recombinent, elles ne sont plus disponibles pour la réaction d’électrolyse, le but premier du dispositif. L’ajout d’atomes de tungstène au sein de la couche d’oxyde métallique remplit ce rôle. « L’important
était de distribuer ces atomes de manière à générer un champ électrique
dans la couche, qui aide à empêcher les recombinaisons », explique
Roel van de Krol, qui a dirigé ces travaux. En revanche, les chercheurs
ne comprennent pas encore totalement pour quelle raison le vanadate de
bismuth présente de meilleurs résultats que les autres oxydes métalliques. Cerise sur le gâteau, « plus de 80 % des photons incidents contribuent au courant, une valeur inattendue qui établit un nouveau record pour un oxyde métallique », poursuit Roel van de Krol.
Vers une production significative d’hydrogène directement sur les toits ?
Les scientifiques ont ainsi obtenu un moyen relativement simple et peu onéreux de convertir de l’énergie solaire en hydrogène grâce à un procédé de photosynthèse artificielle. Une fois l’hydrogène stocké, on peut s’en servir sous différentes formes : dans des piles à combustible ou encore sous forme de méthane, selon l’usage visé.
Reste la question de la montée en échelle, et les
chercheurs vont y consacrer leurs prochains efforts. Avec le rendement
actuel de 5 % dans la conversion de la lumière solaire en hydrogène, et
en prenant une performance solaire de l’ordre de 600 W/m2 en
Allemagne, un peu plus d’une trentaine de mètres carrés suffiraient pour
dépasser la barre du kilowattheure stocké chaque heure sous forme
d’hydrogène.