lundi 30 janvier 2012

Open Source : un éco-système français qui s’industrialise

Le 27 janvier 2012 (16:10) - par Cyrille Chausson

Selon la dernière étude du cabinet Pierre Audoin Consultant, l’éco-système de l’Open Source en France est entré en 2011 dans l’ère de l’industrialisation. Maturité des technologies, prestations de services à la hausse dans les SSII, adoption des entreprises, main mise sur l’outillage, le mouvement du logiciel ouvert compte pour 6% des services IT en 2011, pour 2,5 milliards d’euros générés. Si la croissance devrait se poursuivre jusqu’en 2015, elle devrait ralentir à partir de cette date, faute de présence sur l’applicatif. Un secteur dominé par le Cloud.
«Il y a 10 ans, l’Open Source était une affaire d’individus qui avaient un excellent niveau de programmation. aujourd’hui, nous sommes davantage passés dans l’ère de l’industrialisation.» Le mot est lâché. En 2011, l’industrialisation, initiée il y a pas moins de 5 ans dans la sphère de logiciel libre, est arrivée à son point de maturité, nous indique le cabinet d’analyses Pierre Audoin Consultant dans sa dernière étude Open Source France 2012. L’Open Source s’est hissé au rang des autres prestations informatiques, nous confie Mathieu Poujol, Principal Consultant Cloud & Middleware chez PAC France. Quitte parfois à y laisser une partie de son modèle original.

Et chiffres à l’appui. En 2011, le marché français de l’Open Source a généré un chiffre d’affaires de quelque 2,5 milliards d’euros, et compte désormais pour 6 % du marché des services IT en France - ce que comptera le marché du Cloud en 2012, si l’on en croit les chiffres de l’agence française pour les investissements internationaux (AFII). Et ce marché devrait poursuivre une dynamique jusqu’en 2015, nous confirme PAC. Date à laquelle l’Open Source en France comptera pour 9 % du marché des services IT.

Une progression soutenue alors par un éco-système en mutation. D’un point vue technologique et fonctionnel, s’il existe toujours un écart entre les solutions dites propriétaires et Open Source, le niveau des solutions libres a beaucoup évolué. Mathieu Poujol cite l’exemple de Talend «qui a réalisé ce qu’IBM met du temps à concrétiser, soit une offre intégrant MDM, ESB, BPM et ETL». D’une façon générale, «les technologies Open Source ont atteint un taux de maturité pour être industrialisées, tout comme les prestations», souligne-t-il également. Pointant alors du doigt la transformation de l’environnement des prestataires de services.
Face à une demande grandissante, les SSII ont alors décidé d’occuper le terrain et d’abreuver leur portefeuille de technologies et d’expertises liées à l’Open Source. Quitte alors à occulter les SSLL (Sociétés de services en logiciel libre). Occulter, certes, mais pas bannir du marché, nuance Mathieu Poujol. «Les SSII sont certes très fortes sur l’industrialisation, mais elles laissent de la place aux SSLL, qui sont plus innovantes et ont de l’avance en matière d’expertise.» Pas question donc d’assister à une disparition des SSLL qui, à l’image de Smile ou encore Linagora, Alter Way ou Open Wise, misent sur des compétences affutées. D’ailleurs, le prix des prestations liées à l’Open Source a augmenté, soutient Mathieu Poujol, gage d’une validité commerciale.
L'Open Source ancrée dans l'outillage
Autre moteur de croissance de l’Open Source en France, l’outillage. L’Open Source, si elle a conquis le développement Web, les CMS et les serveurs d’applications, notamment, est devenue une dominante dans les outils de développement en France. Ce qui constitue un atout pour la France, résume Mathieu Poujol, rappelant que les services Cloud d’Orange repose en partie sur le projet CompatibleOne, mené par le consortium OW2.  Citons également le projet Polarsys, aujourd’hui au sein de la fondation Eclipse, mais né dans l’Aerospace Valley française des mains d’Opees et du projet d’Airbus, TopCased.
«Il est clair que le libre est devenu plus abordable, moins strict et moins «religieux», comme ll l’était avec le poids de la FSF», ajoute-t-il.  Le recours à l’Open Source comme socle technologique est devenu un élément central dans l’industrialisation du secteur.

Logiquement, le modèle a du se muer. Laissant derrière lui une partie de sa dimension 100% communautaire, qui constituait l’un des poumons de l’Open Source. «Des sociétés comme Talend ont fait le choix de faire leur propres développements et d’ouvrir leur produit à leur communauté de clients. On est moins dans le développement communautaire. Il s’agit d’une déviation du modèle vers un modèle plus commercial, mais qui fonctionne», souligne-t-il. Le prix de l’industrialisation, en somme. «Aujourd’hui les contributions sont beaucoup plus encadrées mais c’est également la volonté des entreprises clientes.»  Et de citer l’exemple EADS qui, pour partager les développements d’un IDE Java normalisé pour le marché de l’avionique, est allé voir Boeing. Le code est certes partagé, mais pas livré à une communauté ouverte.

L’approche low-cost, entre les mains du Cloud

Reste alors une question. Vers où l’Open Source en France pourra-t-elle évoluer ? Si le secteur connaîtra une progression linéaire jusqu’en 2015, il atteindra également son point culminant à cette date, et devrait ainsi voir sa croissance ralentir. «On ne voit pas de solutions émerger à partir de cette date», nous confirme PAC. Alors pourquoi ? Parce que l’Open Source s’est faite doublée par le Cloud : d’abord sur l’applicatif d’entreprise, comme le CRM ou l’ERP. Avec l’arrivée du Saas, explique Mathieu Poujol, la valeur de l’Open Source a trouvé un équivalent. «Ils se battent avec les mêmes avantages.» Et ensuite, sur le terrain du low-cost qui est également devenu l’argument n°1 dans l’adoption des applications Cloud. Restera alors l’outillage et le développement spécifiques. Ils resteront les deux poumons de l’Open Source dans 3 à 4 ans. Ni plus ni moins.

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