Par Nicolas PICAND, le 11 janvier 2012
Une génération, c’est avant tout
une cohorte démographique d’environ 20 ans, qui partage un esprit de
génération. Ce caractère commun est lié aux conditions économiques et
sociales de la période et à l’appropriation par les jeunes des
technologies nouvelles. Ce concept sociologique importé des États-Unis
par des spécialistes du management permet de mieux appréhender le
conflit perpétuel entre les anciens et les nouveaux.
Alors, qu’est-ce qui caractérise cette
génération ? Pour commencer, les jeunes Y se posent beaucoup de
questions sur le monde qui les entoure. En anglais, le Y se prononce
d’ailleurs “why”, pourquoi en français. Appliqué au monde du travail,
cette maxime empêche les “Yers” d’accomplir correctement leurs tâches
s’ils n’en connaissent pas la finalité, s’ils n’ont pas eu de réponses à
leurs Pourquoi ?
L’harmonie entre vie privée et professionnelle
L’autre élément fondamental de cette génération est la recherche de l’Harmonie
entre la vie privée et la vie professionnelle. Cette
relative désillusion par rapport au monde du travail est le reflet
social de l’instabilité économique. Si la génération X était très
soumise à son entreprise, c’était dans l’espoir d’y travailler
longtemps. Beaucoup d’entre eux se sont sentis trahis, ceux qui ont
connu les plans sociaux et autres remaniements stratégiques liés à la
destruction créatrice engendrée par le renouveau technologique. La
destruction créatrice désigne le processus de disparition de secteurs d’activité conjointement à la création de nouvelles activités économiques. Leurs enfants ont bien retenu la leçon : la vie privée est prioritaire sur la vie professionnelle.
La vie privée
La troisième évolution sociologique la plus marquante est l’évolution de la notion de vie privée.
Suite à l’essor d’internet et plus particulièrement des réseaux
sociaux, la vie privée valorisante devient publique alors que la vie
privée dévalorisante reste privée. Ce profond bouleversement sociétal
est particulièrement visible sur Facebook. Comparez la quantité
d’informations que partage un X et un Y sur les réseaux sociaux et vous
comprendrez une des différences entre ces deux générations. Ne parlons
même pas des BB, ils sont trop occupés à lire des livres pour avoir le
temps de créer un compte Facebook et nous qualifierons d’anomalie
statistique ceux qui ont tenté l’aventure Facebook. De toute façon, ils
n’ont rien compris à Internet.
Pour être un vrai Y – un Y de souche en quelque sorte - vous devez être nés entre les années 1980 et 2000;
mais que les vieux se rassurent, ceux qui ont réussi à prendre le
virage d’Internet, ceux qui ont cet esprit libre et ouvert font un peu
partie des nôtres, des XY (ou des Y immigrés) s’ils se considèrent
ainsi. Pas besoin de s’habiller comme sa fille, nous jugerons les
dossiers de candidatures en fonction de votre profil Facebook.
Génération potentielle ou effective ?
Une génération, c’est avant tout un
esprit de génération. Ce sentiment d’appartenance collective à un groupe
social repose sur un élément fondateur.
Historiquement, en France, cet événement déclencheur repose sur le
conflit social et le clivage traditionnel gauche-droite. Pourtant les
jeunes “Yers” français sont toujours en attente d’une date qui sera à
même de symboliser médiatiquement le renouveau générationnel comme le
fut mai 68 pour la génération des Baby Boomers (1945-1975 pour les
démographes ; 1946-1966 pour les sociologues) ou la Guerre Froide pour
la Génération X (1966-1986). Certains considèrent que l’avènement de
Facebook en 2011 est à même de symboliser médiatiquement cette
génération Internet. Cependant, pour les sociologues, c’est la prise de
conscience par les jeunes de leur appartenance à cette génération Y qui
marquera le passage d’une génération potentielle (scientifique) à une
génération effective (solidarité de groupe).
En Angleterre, les émeutes d’août 2011
répondent à cette problématique : un clivage net entre les pilleurs (qui
ont attaqué les magasins comme symbole du capitalisme avec une
violence incommensurable) et les citoyens (qui ont tenté de réparer les
dégâts et ont exprimé leur créativité afin de couvrir les vitrines
cassées de messages de paix) ; un symbole médiatique en rapport avec les
nouvelles technologies : la messagerie instantanée BBM
pour les smartphones BlackBerry et un élan médiatique à la hauteur du
choc générationnel. C’est d’ailleurs cette messagerie ultra-sécurisée
BBM qui n’a cessé de faire parler d’elle en 2011, car elle est très
difficile à “mettre sur écoute” (Cf. les conflits entre
l’entreprise américaine et les gouvernements en Inde, en Arabie Saoudite, aux Émirats Arabes Unis et en Afrique du Sud).
En Tunisie, en Égypte et en Libye,
l’élément fondateur de la Génération Y repose sur la révolution
culturelle et politique avec pour symbole médiatique Twitter et Facebook
en libérateur de la parole du peuple; là où la télévision avait permis
de le faire taire et de le contrôler pendant des années. Mais alors,
quel sera l’élément fondateur de cette génération Y en France ? La
Génération Y deviendra-t-elle un jour une génération effective ? La
vidéo virale ci-dessous peut-elle être considérée comme un élément
fondateur ?
Génération Y : la vidéo
<a href="http://www.vimeo.com/33023016">http://www.vimeo.com/33023016</a>
Pour en savoir plus sur la Génération Y, nous vous invitons à lire:
- Generations: the history of America’s future
- Génération Y : Pourquoi l’harmonie ?
- Les difficultés de la caractérisation de la notion de vie privée d’un point de vue sociologique
- Génération 2.0 : Le blog de la Génération Y
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire