lundi 14 novembre 2011

L'état du marché des jeux d'argent en ligne

© Whitewizzard / Fotolia
Qui sont les internautes qui jouent au poker et parient en ligne ? Combien misent-ils ? Comment les opérateurs les recrutent-ils ? Le point sur le marché avec l'Autorité de régulation des jeux en ligne (Arjel).
Réalisé par Benoît Méli, Journal du Net

Le poker continue de rafler la mise

Au troisième trimestre 2011 2,65 milliards d'euros ont été misés par les joueurs actifs (joueurs ayant joués au mois une fois au cours du trimestre) dans les jeux d'argent en ligne sur les plates-formes légales en France, soit une croissance de 15 % sur un an. Le produit brut des jeux global (somme qui revient réellement aux opérateurs de paris) s'élève à 177 millions d'euros, en progression d'un peu plus de 30 %.

Cette progression générale masque des évolutions hétérogènes entre les différents segments du marché. Les mises de paris sportifs ont par exemple connu une baisse de 23 % sur un an (-24 % pour le chiffre d'affaires des opérateurs). L'Arjel estime que l'effet "curiosité" suscité par l'ouverture du marché (en juin 2010) est arrivé à son terme. Les sommes misées sur les événements sportifs récurrents (Tour de France, US Open, etc.) ont notamment baissé de 12 % sur un an.

L'activité de paris hippiques continue son ascension progressive. Au troisième trimestre le niveau des mises progresse de 45 % sur un an pour atteindre 270 millions d'euros. Le produit brut des jeux des paris hippiques s'envole, lui, de 77 % (69 millions). Cette croissance est en partie liée à la diminution du taux de retour aux joueurs (part des sommes misées et effectivement reversées aux gagnants), passé de 79 % à 74 %, même si cette baisse a été en partie compensée par les opérateurs sous la forme de distribution de bonus aux joueurs.

Les deux segments des jeux de cercles (poker) connaissent aussi des fortunes diverses. Les montants versés par les joueurs pour participer à des tournois (droits d'entrée) ont grimpé de 89 % sur un an, alors que les mises en cash game (mode de jeu permettant de rejoindre ou quitter une partie à n'importe quel moment) ne croissent que de 9 %. Les mises cash game avoisinent cependant les 2 milliards d'euros contre 286 millions d'euros pour les tournois. Les produits bruts des jeux pour le poker ont crû de 36%.

Des profils de joueurs variés, mais peu de joueuses

Le profil démographique des joueurs varie en fonction des types de jeu d'argent. Les jeunes sont surreprésentés chez les aficionados des paris sportifs, alors que les paris hippiques attirent davantage une population plus âgée : un turfiste sur deux a entre 35 et 54 ans et plus d'un sur quatre a dépassé la barre des 55 ans. Les jeux de cercles attirent plus volontiers une cible de 25-34 ans. D'une manière générale, les femmes restent rares dans l'univers des jeux d'argent, seulement 12 % des comptes de joueurs actifs étant détenus par des joueuses. Les femmes sont les plus présentes sur les paris hippiques où elles représentent un internaute actif sur cinq.

Quel que soit le type de jeu, une grande majorité de joueurs mise peu. Au troisième trimestre 43 % des parieurs sportifs ont joué moins de 30 euros, tout comme 46 % des joueurs de poker. Les amateurs d'hippisme semblent davantage investis dans leurs paris : un quart seulement de ces joueurs mise moins de 30 euros par mois et près d'un sur deux (47 %) moins de 100 euros. Tous types de jeux confondus, les gros joueurs ne représentent que 1 % des joueurs actifs, mais 53 % des sommes misées au cours du trimestre.

Tous types de jeux confondus, l'importance et la fréquence des dépôts d'argent des joueurs varient également en fonction de leur âge. Plus l'internaute est âgé plus le montant moyen de chaque dépôt est élevé, allant de 146 euros en moyenne pour les 18-24 ans à 357 euros pour les plus de 65 ans. Les plus de 35 ans ont par ailleurs tendance à réapprovisionner leur compte plus souvent que leurs cadets, entre 7,5 (pour les 35-54 ans) et 7,8 fois (55 ans et plus) en moyenne par trimestre.

Le parieur hippique se situe principalement dans les régions où la culture équine est plus développée (hippodromes importants, lieux d'élevage, etc.). L'Arjel constate ainsi de fortes densités dans la majorité des départements situés dans le nord-ouest de la France. Le parieur sportif et le joueur de poker sont principalement citadins (fortes densités en Ile de France, dans les Bouches du Rhône, dans le Rhône et en Haute-Garonne) et habitent fréquemment le sud-est de la France (Corse, Provence-Alpes-Côte d'Azur).

Des investissements marketing tournés vers la performance

Lors de l'ouverture du marché des jeux d'argent en juin 2010, la plupart des acteurs autorisés par l'Arjel a massivement investi en télévision. Objectif : travailler la notoriété de leur marque pour inciter les joueurs à se tourner vers eux lors de la création d'un compte. La coupe du monde de football organisée en juin 2010 et considérée comme un formidable tremplin pour le marché avait accentué la nécessité pour les opérateurs d'investir dans les médias pour sortir du lot.

Cette phase de démarrage a laissé place à un net ralentissement des budgets de communication un an plus tard. Sur une année, le budget média des opérateurs légaux de jeux d'argent a baissé de 58 %, faisant passer leur budget mensuel moyen sous la barre des 10 millions d'euros au troisième trimestre. Dans une certaine mesure, cette baisse est également à mettre en rapport avec celle de l'activité du marché des paris sportifs.

Passée la première phase de l'ouverture du marché, les opérateurs de jeux d'argent ont délaissé les campagnes de notoriété en télévision au profit de campagnes plus ROIstes de recrutement de joueurs. Au troisième trimestre, télévision, radio, cinéma affichage et sponsoring représentent désormais moins du quart (22 %) des dépenses marketing des acteurs du secteur. Internet à lui seul (20 %) représente un investissement similaire à ces deux leviers marketing.

Plus spécifiquement, l'Arjel observe au troisième trimestre 2011 que les opérateurs ont massivement opté pour une stratégie marketing très axée sur les bonus, parrainages et autres avantages en nature offerts pour chaque recrutement de joueur. Ce levier marketing a représenté la moitié des investissements des opérateurs légaux au cours des trois derniers mois. Les acteurs du jeu en ligne ont définitivement basculé dans la performance.

En savoir plus

Une cinquantaine d'opérateurs légaux en France
Depuis l'ouverture du marché français des jeux d'argent en ligne, l'Autorité de régulation des jeux en ligne (Arjel) a délivré une cinquantaine d'agréments à 35 opérateurs. 17 acteurs détiennent une licence pour organiser des paris sportifs, 10 pour des paris hippiques et 23 pour le poker.

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