mercredi 16 novembre 2011

Electronique 2.0

16/11 | 07:00 |PAR PHILIPPE ESCANDE
Ecrit par
Philippe ESCANDE
Philippe ESCANDE Editorialiste

Toutes les révolutions industrielles commencent par une histoire de gros sous. En 1857, l'Anglais Henry Bessemer invente un procédé de fabrication industrielle de l'acier. Son prix passe alors d'un coup de 50 livres la tonne à moins de 3 livres. Le monde en a été transformé à jamais.
Il y a tout juste quarante ans, les ingénieurs de la société Intel trouvent le moyen de placer sur une seule plaque de silicium tous les ingrédients nécessaires pour exécuter le programme d'un ordinateur. Avec deux conséquences, la miniaturisation et l'effondrement des coûts. A l'époque, stocker un mégabit de données sur un tel circuit coûtait le prix d'une maison. Aujourd'hui, c'est moins cher qu'une simple feuille de papier.
Le four Bessemer a permis le déploiement de l'industrie lourde, de la construction, des transports, de l'automobile... Le microprocesseur d'Intel est, lui, devenu la brique de base de la société de l'information. Des ordinateurs, bien sûr, mais aussi des quelque 250 objets que nous manipulons chaque jour et qui en sont pourvus. Un progrès sans précédent dans l'histoire de l'humanité, mais qui a son revers. A la fin du XIX e siècle la sidérurgie était synonyme de puissance. A la fin du XX e, ce seul mot signifiait aussi déclin industriel.
L'électronique sera-t-elle la sidérurgie de notre siècle ? Elle en suit en tout cas le chemin, mais en accéléré. Car, en moins d'un demi-siècle, l'incroyable miniaturisation de ce composant s'est accompagnée d'une inflation sans précédent des outils pour le produire. En 1980, une usine de puces coûtait moins de 80 millions de dollars à construire. En 2020, il faudra débourser 10 milliards. Cent fois plus !
Hormis Intel, plus aucun acteur du secteur n'est capable de supporter de tels coûts. Dès lors, nous entrons dans un nouveau monde, celui de l'électronique 2.0. Chaque acteur se spécialise progressivement et beaucoup abandonnent la production au profit de constructeurs largement concentrés en Asie. Les puces voyagent plus facilement que l'acier.
Notre capitalisme moderne est un ogre jamais rassasié, qui, pour satisfaire son appétit de progrès, détruit les équilibres les plus savants pour en reconstruire d'autres, tout aussi fragiles. Cela ne signifie donc pas la fin de l'histoire, mais que la nôtre ne peut s'inscrire que dans le mouvement.

http://www.lesechos.fr/opinions/edito/0201745338608-electronique-2-0-249740.php?xtor=EPR-1500-[idees_debats]-20111116-[s=461370_n=9_c=901_]-409905656@1

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire