Toutes les révolutions industrielles commencent
par une histoire de gros sous. En 1857, l'Anglais Henry Bessemer invente
un procédé de fabrication industrielle de l'acier. Son prix passe alors
d'un coup de 50 livres la tonne à moins de 3 livres. Le monde en a été
transformé à jamais.
Il y a tout juste
quarante ans, les ingénieurs de la société Intel trouvent le moyen de
placer sur une seule plaque de silicium tous les ingrédients nécessaires
pour exécuter le programme d'un ordinateur. Avec deux conséquences, la
miniaturisation et l'effondrement des coûts. A l'époque, stocker un
mégabit de données sur un tel circuit coûtait le prix d'une maison.
Aujourd'hui, c'est moins cher qu'une simple feuille de papier.
Le
four Bessemer a permis le déploiement de l'industrie lourde, de la
construction, des transports, de l'automobile... Le microprocesseur
d'Intel est, lui, devenu la brique de base de la société de
l'information. Des ordinateurs, bien sûr, mais aussi des quelque
250 objets que nous manipulons chaque jour et qui en sont pourvus. Un
progrès sans précédent dans l'histoire de l'humanité, mais qui a son
revers. A la fin du XIX e siècle la sidérurgie était synonyme de puissance. A la fin du XX e, ce seul mot signifiait aussi déclin industriel.
L'électronique
sera-t-elle la sidérurgie de notre siècle ? Elle en suit en tout cas le
chemin, mais en accéléré. Car, en moins d'un demi-siècle, l'incroyable
miniaturisation de ce composant s'est accompagnée d'une inflation sans
précédent des outils pour le produire. En 1980, une usine de puces
coûtait moins de 80 millions de dollars à construire. En 2020, il faudra
débourser 10 milliards. Cent fois plus !
Hormis
Intel, plus aucun acteur du secteur n'est capable de supporter de tels
coûts. Dès lors, nous entrons dans un nouveau monde, celui de
l'électronique 2.0. Chaque acteur se spécialise progressivement et
beaucoup abandonnent la production au profit de constructeurs largement
concentrés en Asie. Les puces voyagent plus facilement que l'acier.
Notre
capitalisme moderne est un ogre jamais rassasié, qui, pour satisfaire
son appétit de progrès, détruit les équilibres les plus savants pour en
reconstruire d'autres, tout aussi fragiles. Cela ne signifie donc pas la
fin de l'histoire, mais que la nôtre ne peut s'inscrire que dans le
mouvement.
http://www.lesechos.fr/opinions/edito/0201745338608-electronique-2-0-249740.php?xtor=EPR-1500-[idees_debats]-20111116-[s=461370_n=9_c=901_]-409905656@1
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