A lire sur: Par Thibaut De Jaegher -
Yvon Gattaz ne fait vraiment pas son âge. Plus précisément, ses idées n’ont pas l’âge de ses artères. Les yeux pétillants, le verbe charmeur, l’ancien président du CNPF dresse, dans son dernier livre "La Double Révolution", une photographie à la fois lucide et enthousiaste du tissu entrepreneurial français. Dans l’entretien qu’il nous a accordé, il ne parlera jamais de son fils (Pierre, l’actuel président du Medef) mais nous livrera un plaidoyer convainquant sur le potentiel de la génération Y. Une leçon d’optimisme.
Yvon Gattaz ne fait vraiment pas son âge. Plus précisément, ses idées n’ont pas l’âge de ses artères. Les yeux pétillants, le verbe charmeur, l’ancien président du CNPF dresse, dans son dernier livre "La Double Révolution", une photographie à la fois lucide et enthousiaste du tissu entrepreneurial français. Dans l’entretien qu’il nous a accordé, il ne parlera jamais de son fils (Pierre, l’actuel président du Medef) mais nous livrera un plaidoyer convainquant sur le potentiel de la génération Y. Une leçon d’optimisme.
L'Usine Nouvelle - Dans votre ouvrage, vous affirmez que la France a été historiquement très peu portée sur la création d’entreprises, notre pays a-t-il comblé son retard aujourd’hui ?
Yvon Gattaz - Après avoir été en queue de peloton européen pendant 40 ans, nous sommes maintenant les premiers de la classe, en termes de création d’entreprises par habitant. Nous avons vu, à partir des années 2000, émerger plein de jeunes entreprises puis des autoentrepreneurs. Tout cela a permis de combler notre retard. Mais, dieu, que cela fut long à émerger. Pendant des dizaines d’années, il a fallu arroser le terreau français pour voir enfin se réveiller des générations d’entrepreneurs. Et là, nous avons eu le droit au miracle du jardinier, à l’éclosion spontanée de nombreuses jeunes pousses.
Nous créons beaucoup mais ces structures sont-elles de bonne qualité ?
Le nombre n’est pas suffisant. Notre problème maintenant, c’est que nous n’avons que très peu d’entreprises de croissance. La France a une maladie chronique, héréditaire, génétique : elle aime les souffreteux. Nous créons donc beaucoup d’entreprises mais des entreprises naines, avec peu ou pas de salariés. L’État comme la population protège les petites entreprises malades. Nous avons le culte de l’ourson : on aime les petits oursons larmoyants et pas le grand ours des Pyrénées. Ce n’est pas le cas de l’Allemagne.
Quelles causes nous poussent à cultiver ce "nanisme" ?
Une des causes, selon moi, c’est que, pendant longtemps, la création d’entreprise a été une affaire d’autodidacte. Bien sûr, on trouvera des cas contredisant ma thèse mais j’ai constaté que quand un diplômé d’une grande école ou université crée une entreprise, il crée une entreprise de croissance. La France doit donc mettre le paquet pour que ses établissements d’enseignement supérieur incitent leurs élèves à se lancer dans l’aventure entrepreneuriale.
L’environnement réglementaire, juridique, vous n’en parlez pas, vous le jugez favorable ?
Je crois que l’entrepreneur est aujourd’hui un métier reconnu. Je crois que l’environnement réglementaire est correct et l’environnement juridique également. Le problème, c’est la fiscalité et le cadre social. Du coup, souvent, on voit des entrepreneurs qui font tout le travail amont en France, en s’appuyant notamment sur notre excellence académique, mais qui vont développer leur idée ailleurs.
C’est le défaut de la génération Y, celle que l’on dit désabusée…
Mais pas du tout ! La génération Y, c’est la meilleure, c’est la plus entreprenante et la plus fonceuse que la France ait jamais portée. Dire que la génération Y est moins bonne que les précédentes c'est des histoires de littérature tout cela. Vous savez, nous recevons beaucoup de jeunes, dans l’association que je préside "Jeunesse & Entreprises". On nous avait dit : "Les jeunes sont démotivés, ils ne veulent pas s’adapter, ils ont horreur de l’industrie, des matières scientifiques, des mathématiques…". Tout cela, c’est du vent. La manière dont ils ont adopté le numérique prouve le contraire. Ils ont fait preuve d’une agilité incroyable pour s’approprier ces technologies et rien que cela me rend optimiste.
Si vous deviez convaincre un jeune de se lancer dans la création d’entreprise, que lui conseilleriez-vous ?
Je lui dirais de créer son entreprise dès que possible. L’expérience ne sert à rien. Au contraire, elle peut être un frein. Notre sensibilité à la prise de risque ne fait qu’augmenter avec les années. Mon deuxième conseil, ce serait de ne pas écouter ceux qui disent : "c’est une idée farfelue, cela ne marchera pas". Mon expérience me montre justement que plus l’idée est farfelue plus elle a des chances de marcher et de marcher très fort.
Propos recueillis par Thibaut De Jaegher
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