mardi 23 juillet 2013

Paris-New York en 57 minutes

A lire sur:  http://www.lesechos.fr/entreprises-secteurs/air-defense/actu/0202904029403-paris-new-york-en-57-minutes-587451.php

Par Les Echos | 18/07 | 11:58 | mis à jour à 14:21
Un grand projet européen planche sur l’avion hypersonique, capable d’emporter 300 passagers à Mach 5. Les moteurs pouvant atteindre une telle vitesse devraient être testés d’ici 2019.
La motorisation du projet A2 pourrait être testée en vol d’ici 2019. - Reaction Engines
La motorisation du projet A2 pourrait être testée en vol d’ici 2019. - Reaction Engines
Le Concorde, mais en beaucoup mieux, et en bien plus rapide. Depuis près de huit années, plusieurs entreprises européennes travaillent sur un programme d’un avion hypersonique. Ce programme européen, dans lequel intervient notamment l’Agence spatiale européenne (ESA), est baptisé LAPCAT (pour « Long-Term Advanced Propulsion Concepts and Technologies »). Le cahier des charges est à la fois des plus simples, et des plus fous : rallier Bruxelles à Sydney en 2 à 4 heures de vol, contre 22 heures aujourd’hui.
Pour atteindre cette performance, le futur aéronef doit être capable de voler à une vitesse atteignant Mach 5 à Mach 8, soit 6.120 km/h à 9.782 km/h. A titre de comparaison, la vitesse de croisière du Concorde était de 2.472 km/h. Une telle vitesse nécessite de contourner deux grands obstacles techniques (et plusieurs centaines d’autres dans le détail) : concevoir un mode de propulsion adapté, et construire un appareil capable de voler en dehors de l’atmosphère. Car désormais, on parle ici de vols spatiaux.
Face à ces défis, l’entreprise britannique Reaction Engines travaille sur un concept relativement avancé, et dérivé des lanceurs spatiaux. L’avion, dénommé A2 et qui mesurerait 139 mètres de long et transporterait 300 passagers, serait propulsé par des moteurs alimentés à l’oxygène et l’hydrogène. Tant que l’avion vole dans l’atmosphère, ces moteurs utilisent l’oxygène présent dans l’air. Une fois dans l’espace, l’oxygène, tout comme l’hydrogène, sont fournis par des réservoirs embarqués.
Cette motorisation est déjà utilisée sur la fusée Ariane. Elle nécessite néanmoins, dans le cas du projet LAPCAT, de résoudre un problème de taille : à une telle vitesse (plus de 6.000 km/h), l’air s’échauffe en raison du frottement pour atteindre près de 1.000 degrés Celsius. Afin que l’oxygène réagisse avec l’hydrogène, il faut le refroidir. Reaction Engines travaille aujourd’hui sur une technologie capable d’abaisser la température de plus de 1.000 degrés en moins de 0,01 seconde (voir vidéo ci-dessus). Pour y arriver, le moteur Sabre, c’est son nom, utilise un système de refroidissement basé sur de l’hélium liquéfié.
Le projet LAPCAT-MR1, qui vise pour sa part une vitesse atteignant Mach 8. - ESA
Le projet LAPCAT-MR1, qui vise pour sa part une vitesse atteignant Mach 8. - ESA
Reaction Engines lance actuellement une campagne d’essais en laboratoire pour valider cette piste technique de refroidissement. L’entreprise espère pouvoir tester le moteur en vol d’ici 2019. Quant au programme européen LAPCAT, qui comporte d’autres axes de travail comme le MR1 (voir photo ci-dessus) il table en l’état sur la mise au point d’un avion hypersonique d’ici une vingtaine d’années. La grande vitesse avance à petits pas.

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