En prenant davantage en compte
l'expérience utilisateur, l'eye-tracking pourrait enfin parvenir à
séduire un plus vaste public. Plus sécurisé que le mot de passe ou le
code PIN, cette nouvelle technologie doit encore toutefois faire ses
preuves.
Protégeant aussi bien nos comptes bancaires
que nos comptes email, ou nos profils Facebook, les mots de passe sont
toujours les systèmes d'authentification électroniques les plus
utilisés. Pendant ce temps, les technologies de reconnaissance utilisant
l'empreinte digitale, et la reconnaissance faciale et visuelle
progressent, mais ne parviennent pas encore à séduire. L'étude «
Perceptions of Interfaces for Eye Movement Biometrics
» menée par trois chercheurs, explique que la raison de ce désamour
réside dans le fait que les recherches menées jusque-là n'ont pas assez
pris en compte l'expérience utilisateur. Pour Michael Brooks, étudiant
en doctorat de l'université de Washington, « Il aurait été difficile de
concevoir ces prototypes sans obtenir au préalable le ressenti des
utilisateurs dès le début ». Et pour mettre en pratique cette théorie,
les chercheurs ont eu l'idée de mettre au point un test concret :
retirer de l'argent à un distributeur ATM.
L'eye-tracking saisit le mouvement des yeux, propre à chacun
En envoyant une lumière qui se reflète sur le globe oculaire de
l'utilisateur et qui revient lorsque celui-ci suit un point ou un mot
sur l'écran d'ordinateur, les chercheurs ont pu réaliser un prototype
(écran-sosie) d'ordinateur ATM doté de la technologie eye-tracking.
Celui-ci proposait à des personnes venues retirer de l'argent de le
faire via trois manières distinctes. Un code PIN standard à quatre
chiffres, un jeu dans lequel des points étaient pris pour cible par les
yeux d'un utilisateur qui devait les suivre du regard, et un exercice de
lecture qui permettait à l'ordinateur de suivre la manière dont les
yeux de la personne passaient devant chaque mot. Lorsque par la suite,
ils ont été interrogés, la plupart des sujets de l'étude ont dit ne pas
avoir eu confiance dans le code PIN standard utilisé dans la plupart des
guichets automatiques – bien qu'il soit toujours favorisé pour sa
rapidité – , et confessent penser que les technologies plus avancées
doivent sûrement offrir une meilleure sécurité. Ces nouvelles options
pourraient donc être des modèles pour les futures versions.
Une technologie qui s'adapte à tous les supports
Toutefois, le test a également permis de montrer que lorsque
l'authentification échoue – l'équipe de chercheurs a en effet causé
délibérément plusieurs échecs – les personnes perdent toute confiance
dans les systèmes d'eye-tracking. Cette future technologie devra donc
fournir des messages d'erreurs explicites ou des directives claires sur
la façon dont les utilisateurs doivent procéder s'il obtiennent un échec
d'authentification. « Les messages d'erreur que nous avons fournis et
les commentaires que nous avons délivrés ont été très importants pour
rendre ces technologies utilisables » déclare M. Brooks. En plus de
tester les utilisateurs, ce test avait pour but de « permettre à des
caméras bon marché d'utiliser ces nouvelles technologies au lieu de
matériel spécialisé d'eye-tracking », déclare Cecilia Aragon, chercheur
principal. Les chercheurs ont par la suite l'intention de développer une
authentification d'eye-tracking similaire à celle-ci pour d'autres
systèmes qui utilisent des caméras de base comme des ordinateurs de
bureau ou pour accéder à un site web sécurisé. « Ceci est le début de
l'authentification biométrique comme système socio-technique, qui se
doit non seulement d'être efficace et précis, mais aussi d'être un outil
dans lequel les gens ont confiance. » conclut C. Aragon.
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