vendredi 18 avril 2014

Avril 2014 – un point d’entrée pour les Biotechs ?

A lire sur: http://communautes.agefi.fr/marches-actions-internationales/avril-2014-un-point-d-entree-pour-les-biotechs#xtor%3DEPR-133

VINCENT PASSA  16/04/2104

Depuis son plus haut entre le 25 février et le 31 mars, le Nasdaq Biotech Index (NBI)  a baissé de 13% (+1.66% pour le S&P 500), se plaçant dans une zone de correction.
L’année dernière, l’indice NBI (Nasdaq Biotechnology Index) avait perdu 10% entre le 14 mai et le 20 juin (-3,56% pour le S&P 500) sur fond de volatilité liée aux craintes d’un « tapering », déclenchées par les premiers propos de Ben Bernanke sur l’éventualité d’une réduction du programme de rachat d’actifs de la Fed.
Cette baisse, du marché, –principalement due à  des facteurs macroéconomiques – avait fait suite à une période de hausse soutenue sur le début de l’année 2013,  l’indice NBI affichait alors une progression de 36% par rapport à 16,5% pour le S&P 500). Avec le recul, cette période a été un bon point d’entrée, car en fin d’’année 2013, le NBI s’était  envolé de 36% par rapport à son plus bas de juin (contre 17,7% pour le S&P 500).
Dans cette optique, la correction actuelle semble offrir de belles opportunités d’achat pour cette catégorie de titres, bien que cette dernière baisse présente des caractéristiques différentes :
·  Les valeurs de biotechnologie ont été en recul,  tandis que globalement, le marché évoluait sur une tendance positive.
·  La correction a été déclenchée par des inquiétudes directement liées au secteur.
L’élément catalyseur de la liquidation a clairement été le courrier des législateurs de la Chambre des Représentants à destination du Président de Gilead concernant la tarification de son traitement pour l’Hépatite C et de l’impact financier qu’elle aurait sur les programmes d’Etat Medicaid.
Cependant, d’après les analyses indépendantes,  ce courrier ne devrait pas avoir d’effet au niveau microéconomique. Il semble donc plus pertinent d’analyser le sentiment général  du marché sur le secteur. Par ailleurs, il faut aussi noter que le médicament pour l’Hépatite C développé par Gilead n’est pas plus onéreux que les autres traitements pour la même maladie.
De manière plus générale, les marchés craignent que le secteur des biotech ait atteint des niveaux spéculatifs et qu’il s’oriente par conséquent vers une longue période de sous-performance.
Néanmoins,  de nombreux facteurs viennent  contrer cet argument :
·  Comme le révèle la recherche réalisée par Bespoke Investments, la progression de 361% de l’indice NBI depuis le plus bas de mars 2009, « fait pâle figure » par rapport à la hausse de 1118% enregistrée par le Nasdaq 100 entre décembre 1994 et mars 2000, ou encore par rapport au rebond de 835% observé sur le secteur de la construction résidentielle du S&P 500 entre mars 2000 et juillet 2005. La durée de ces deux périodes de « bulle » a été proche de celle du rebond actuel des biotechs.












Source : Bespoke Investments
·  L’épisode haussier observé sur le marché des biotechs présente également des différences importantes avec la période d’exubérance de 1999-2000, qui a coïncidé avec la bulle internet.
A cette époque, l’essor du secteur s’expliquait principalement par la nouvelle cartographie du génome humain et par les espoirs de voir cette avancée médicale se traduire immédiatement dans de nouveaux traitements à forte rentabilité.
Le développement des nouveaux traitements médicaux est bien entendu très long et la productivité de la R&D des entreprises de biotech ne s’est réellement accélérée que récemment. En effet, le nombre d’autorisations de produits- y compris les demandes de mise sur le marché de produits biologiques (BLA) – par la US Food and Drug Administration s’est envolé ces dernières années : la FDA a autorisé 39 produits (le plus grand nombre d’autorisations FDA observé depuis 1997) en 2012, puis 27 en 2013.
Les gains sur ce secteur ont donc été portés par des nouvelles positives et tangibles plus que par l’espoir et  la spéculation qui avaient marqué le passé.
·  Par ailleurs, les valorisations ne sont pas celles d’une bulle : bien qu’elles aient progressé au cours des deux dernières années, elles restent encore loin des records historiques.
En effet, les valorisations des titres matures et rentables comme les valeurs qui constituent la grande majorité de l’exposition biotech du fonds de Legg Mason Aggressive Growth - notamment  Biogen Idec, Amgen et Vertex (16,3% sur 18,6% dans ce segment)- sont toujours restées raisonnables.
Ces valeurs sont parmi celles qui ont le mieux résisté au mouvement de baisse : Amgen a cédé moins de 1% entre le 25 février et le 31 mars (en revanche Biogen Idec a perdu -11,7%).
Les valeurs plus jeunes et introduites récemment en bourse ont souffert davantage – par exemple Acceleron (en chute de 26% sur la période) ou Epizyme (-30%).  
De manière générale, le secteur continue de bénéficier de nombreux facteurs de soutien, notamment l’innovation  permanente et le contexte règlementaire porteur. Concernant ce dernier point, la FDA américaine a récemment créé le Label « Breakthrough Therapy » destiné aux « médicaments qui traitent des maladies graves ou mortelles et dont les essais cliniques préliminaires indiquent qu’ils apportent une réelle amélioration sur un ou plusieurs paramètre(s) clinique(s) par rapport à d’autres traitements disponibles » (US FDA). Les produits éligibles peuvent bénéficier d’un processus d’autorisation accéléré (dans certains cas, limité à la phase I). Un avantage de taille pour la rentabilité des sociétés de biotechnologie car les processus d’autorisations peuvent durer jusqu’à 10 ou 12 ans et coûter plus de 500 M$. Par ailleurs, ce dispositif permet de prolonger la durée de vie effective des brevets, souvent enregistrés en amont des essais cliniques.
En toute logique, la dynamique de fusions acquisitions devrait se maintenir dans un contexte où de grandes sociétés pharmaceutiques sont confrontées à des pertes de brevets. En effet, selon Bloomberg Industries, le secteur de la pharma aux Etats-Unis et en Europe devrait perdre environ 78,5 milliards $ de revenus au profit des génériques en 2016 (soit près de 15% de leurs revenus de 2010). Ces entreprises sont donc tentées de rattraper ces pertes de brevets en rachetant de plus petits acteurs du secteur.

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