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Par Emmanuelle Delsol - Mis à jour le 15 avril 2014, à 15h08 -
Par Emmanuelle Delsol - Mis à jour le 15 avril 2014, à 15h08 -
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Infographie : quatre géants pour une Europe des télécoms fragmentée
Pierre Louette, le directeur général adjoint et secrétaire général du groupe Orange, réclame un paquet télécoms plus favorable aux opérateurs.
L'Usine Digitale - Que faut-il pour maintenir des opérateurs européens forts dans un secteur aussi malmené ?
Pierre Louette - Il faudrait parachever la construction d’un marché unique des télécoms. Or ce n’est pas du tout ce qui se passe avec le paquet législatif actuel, qui ne comporte aucune mesure concrète en faveur de l’investissement. L’Europe ne doit plus être uniquement une Europe du consumérisme. L’objectif de baisse des prix est largement atteint : nous sommes 2,5 fois moins chers qu’aux États-Unis. Cette situation favorise la consommation, mais on doit aussi avoir une chance de monétiser nos innovations. Depuis cinq à six ans, le consommateur bénéficie de révolutions technologiques, avec la 3 G, la 4 G, la fibre… Pourtant, les télécoms ne représentent toujours que 2,5 à 2,7 % de son panier moyen. Nous avons besoin que l’Europe soit une bonne base de revenus, pour continuer de nous développer ailleurs, en Afrique et au Moyen-Orient.
Peut-on comparer les contextes européen et américain ?
Non. L’Europe est complètement fragmentée, comparée aux deux énormes blocs que sont la Chine et les États-Unis. Malgré le nouveau paquet législatif, il restera 28 droits de la consommation, 28 régulateurs, 28 autorités de la concurrence ! La commissaire Neelie Kroes avait évoqué une gestion unifiée, mais les États n’en veulent pas, car cela grèverait leur budget [la vente des fréquences 4G a rapporté 3,6 milliards d’euros à l’État français, ndlr]. Le texte devait favoriser l’investissement dans le très haut débit, or il nous prive des revenus du roaming. Enfin, nous sommes bien sûr favorables à un internet ouvert, autant par principe que par intérêt économique, mais certaines dispositions sur la neutralité rendront impossibles les services gérés comme la téléphonie sur IP ou la vidéo à la demande.
Pour vous renforcer en Europe, vous vous êtes déjà rapproché d’autres européens, commeDeutsche Telekom. Pourriez-vous aller plus loin ?
Nous avons plusieurs filiales communes qui sont des succès : l’opérateur EE au Royaume-Uni, Buyin, pour la gestion de nos achats et le joint-venture Networks ! en Pologne. Il n’y a rien de nouveau sur un éventuel rapprochement, même si cela reste une option intéressante pour l’avenir. On pourrait le faire dans différentes régions. Ils sont plus déployés que nous en Europe de l’Est et nous sommes présents dans vingt pays d’Afrique et du Moyen-Orient. Mais nous mutualisons aussi nos réseaux avec Vodafoneen Espagne et en Roumanie.
Altice qui rachète SFR devient-il un concurrent pour vous en Europe ?
Non, ils restent petits à l’échelle européenne. Ils sont loin derrière en fixe et en mobile. En France, ils ont 1,7 million de clients sur le câble, des profits en baisse, une conquête qui stagne. En rachetant SFR, ils deviennent numéro deux du mobile et numéro deux dans le fixe, alors qu’ils étaient troisième. C’est un changement, pas un bouleversement. En revanche, cela va rouvrir les marchés de gros. On perdra probablement du côté de SFR, qui n’aura plus besoin de nous, mais on pourra regagner du côté deBouygues. De plus, un acteur aussi perclus de dettes, va rester raisonnable sur les prix !
Propos recueillis par Emmanuelle Delsol
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