A lire sur: http://www.atelier.net/trends/articles/digiworld-summit-couts-energie-infrastructure-entraineront-plus-de-deplacements-multimodau_425526
Pour le développement de la smartcity,
les contraintes économiques et écologiques, mais surtout la recherche de
flexibilité dans les déplacements, nécessiteront à la fois information
et déplacement multimodaux.
Interview de Chloé Perreau, project manager smarter mobility à Montpellier Agglomération dans le cadre de son intervention à la table ronde "Smart city & Digital living: rethinking mobilities in the city" lors du Digiworld Summit 2013.
L'Atelier : Lors de la table ronde, vous insistiez sur la nécessité de la smartcity de s’adapter à la volonté des citoyens d’accéder à des déplacements multimodaux. Quelles différences existe-t-il entre ce genre de déplacements et ceux intermodaux?
Chloé Perreau : La principale distinction est l'échelle de
temps. Un déplacement intermodal est un déplacement unique associant
plusieurs modes de transport comme le bus, puis le vélo par exemple. Le
déplacement multimodal se comprend plus en terme de concept, de schéma
de déplacement. Concrètement, un jour vous allez pouvoir utiliser la
voiture et un autre le train. Cela s'entend à la fois pour des trajets
ponctuels et réguliers. En effet, on note depuis une vingtaine d'années
une recherche de souplesse dans les modes de transports des trajets
quotidiens. Des facteurs comme les RTT ont fait augmenter la part des
déplacements autres que le traditionnel trajet domicile-travail.
Par conséquent, qu'implique la gestion multi-modale des déplacements pour une collectivité territoriale?
En termes de politique publique, le plan de déplacement
urbain a inscrit l'objectif de report modal. En effet, il est nécessaire
de faire passer les citoyes de la voiture personnelle aux transports
collectifs. Pour cela, il faut créer une offre multimodale dont
l'objectif sera de bénéficier de la même souplesse que la voiture sans
les contraintes de coûts et de stationnement. Une perspective consiste
donc à optimiser les infrastructures de transport. Il faut faire en
sorte d'obtenir les meilleurs taux de fréquentation sans être surchargé.
Intervenir dans des situations de congestion et donc de crise est
primordial.
Quels sont les différents acteurs intervenants dans une telle gestion? Quels sont leurs rôles et leurs intérêts?
Le sujet est complexe et mobilise pléthore d'acteurs sur le
champ de la mobilité au sens large. Du côté public, on trouve les
autorités organisatrices des transports. À Montpellier, celles-ci sont
déjà multimodales. En effet, la société déléguée (la TAM) organise aussi
bien les tramways que les bus, vélos ou les automobiles en libre
service. La région est responsable des TER et est extrêmement importante
dans la mesure ou beaucoup de personnes venant de Sete ou Nîmes
viennent à Montpellier. Ensuite, on trouve le conseil général et la
municipalité pour les voieries ainsi que des partenaires privés comme
pour la gestion des autoroutes. Les gestionnaires de parking ont
également leur rôle ainsi que les acteurs du covoiturage. D'ailleurs
ecolutis a été racheté par la SNCF et le site de l'agglomération détient
une fonction qui "match" l'offre et la demande sur ce sujet. Ces
acteurs sont également important dans l'information.
Justement, quid de l'information multimodale?
Les acteurs traditionnels du transport en commun
fournissent des l'information pour des solutions multimodales de
déplacements. Des filiales comme Cityway proposent des calculs
d'itinéraires multimodaux. Les acteurs routiers le font également.
Vinci, par exemple, veut faire de ses parkings des pôles d'échanges
multimodaux en présentant toute l'offre de déplacements à proximité de
ses espaces de stationnement. Les acteurs du numérique ont fait une
entrée fracassante dans ce domaine. Le service Google Transit proposant
des calculs d'itinéraires est, par exemple, très utilisé en Allemagne,
du fait d'un partenariat avec la Deutsch Bahn. En France, la SNCF a
décidé de faire de l'information multimodale une part intégrante de sa
stratégie. Les telcos quant a eux sont plus orientés vers l'exploitation
de données permettant une meilleure gestion des déplacements. Enfin, le
citoyen a également toute sa place en participant aux informations
grâce a l'offre de c- voiturage par exemple : c'est le début de la
démarche bottom-up.
Quels sont les obstacles avant de parvenir à une véritable gestion multi-modale?
Le plus gros challenge est la question de la gouvernance.
Certains acteurs ont bien compris l'intérêt de l'offre multimodale, Etat
et collectivités ont en fait le même intérêt. Il existe une
problématique quant au positionnement de chacun dans la chaine de valeur
puisque des acteurs privés peuvent venir en concurrence.
Quels moyens de financement?
Pour les collectivités, le déplacement et l'information
multimodaux entrent dans le champ du transport en commun et bénéficient
donc d'un financement totalement public. Cependant, la loi SRU, autorise
la création de société d'économie mixte. Côté privé, les routiers comme
Tom Tom font payer leurs services, d'autres comme Google se financent
par la publicité. Le cas de ce géant pose d´ailleurs question et nous
n'avons pas encore tranché pour savoir quel positionnement adopter par
rapport à lui. Il faudrait adapter le format de données à ses standards
par exemple. Nous mettrons en place une convention détaillant les
objectifs et éléments a financer. En tout cas, une chose est sûre:
chaque autorité organisatrice de transport restera propriétaire exclusif
de ses données.
A un horizon proche, comment imaginez vous les déplacements au sein d'une smart city?
Pour rester purement sur le transport, les coûts d'énergie
ou d'infrastructure entraîneront la nécessité du déplacement multimodal.
Mais il s'agit d'une opportunité gigantesque! Comment construire la
ville de demain pour un meilleur confort, une meilleure convivialité?
Nous avons déjà mis en place les pôles d'échanges multimodaux comme à la
gare Saint Roch qui dispose de nombreux modes de transport mais
également une unification de la billetique. La tarification et la
billettique constituent en effet le nouvel enjeu pour proposer la
meilleure souplesse possible dans l'usage. Là encore la démarche de
partenariat sera à privilégier pour proposer un même support
d'utilisation et de tarification.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire