Dès 2011, on vendra moins de terminaux mobiles en France qu'en 2010. Mais le boom des ventes de smartphones permet à certains industriels de tirer leur épingle du jeu. Une tendance qui devrait se poursuivre l'an prochain.
Crise ? Quelle crise ? Dans les boutiques, les vendeurs de téléphones ont fort à faire à l'approche de Noël. « On
ne peut pas prédire quelle serait la croissance du marché du mobile
avec une meilleure conjoncture, mais sa dégradation ne fait en tout cas
pas plonger les télécoms », commente Laurent Donzel, directeur
clientèle au sein du cabinet d'études GfK. Au contraire, les ventes de
smartphones atteignent des volumes « monstrueux ». L'institut
s'attend encore à une hausse de 21 % dans l'Hexagone l'an prochain, soit
quasiment 14 millions d'unités de ces terminaux haut de gamme. Pas mal,
pour un marché d'une soixantaine de millions de consommateurs ! A titre
de comparaison, il devrait se vendre 8 millions de téléviseurs sur la
même période.
Dans ce contexte, il n'est
pas étonnant que les constructeurs ne s'affolent guère des prévisions
de baisse sur l'ensemble du marché du mobile (smartphones plus
cellulaires traditionnels). Cette année, selon GfK, il devrait commencer
à rétrécir, passant de 24 millions de combinés vendus en 2010 à 23,6
millions en 2011. Les prévisions pour 2012 ne sont pas arrêtées, mais
chez les revendeurs indépendants, on a déjà quelques estimations en
tête. « En Europe, les ventes de mobiles vont baisser d'environ 10 % l'an prochain si nous ne faisons rien », explique Guillaume Van Gaver, le président de Phone House pour la France et l'Europe du Sud.
L'impact des « SIM-only »
Pour
lui, ce sont les opérateurs qui provoquent cette inflexion. Ils
cherchent à rallonger le cycle de vie des terminaux pour éviter de
financer des subventions de plus en plus coûteuses : « En 2012,
ils vont tenter de faire patienter leurs clients pendant 24 mois au lieu
de 20 avant de changer de mobile. Car la pression sur leurs coûts est
très forte. » Sans compter qu'Orange, SFR, Bouygues Telecom ont
décidé de répondre à la concurrence des petits opérateurs et à la menace
de Free Mobile, qui promeuvent le modèle des forfaits « SIM-only »,
c'est-à-dire vendus sans téléphone. Or, la facture mensuelle semble tout
de suite beaucoup plus alléchante lorsqu'on en soustrait les échéances
du crédit pour acheter son téléphone. Jean-Ludovic Silicani, le
président du régulateur des télécoms, qui cherche à promouvoir les
offres « SIM-only », espère même que cela « va permettre de réduire les achats de terminaux » réalisés par les Français.
Même
s'il se vend moins de téléphones, les constructeurs ne perdent pas au
change. Du moins ceux qui ont réussi à surfer sur la vague du
smartphone, comme Apple et Samsung. Car il vaut mieux vendre un appareil
à 600 euros tous les deux ans qu'un combiné à 100 euros chaque année. « Nous
nous attendons à une baisse de 3 à 5 % du marché du mobile en volume
l'année prochaine, mais cette décroissance sera très largement compensée
en valeur », se réjouit David Eberlé, qui dirige le mobile en
France pour le groupe coréen. C'est la magie du « mix » des revenus :
en 2011, les smartphones représentent déjà 45 % des ventes de
téléphones de Samsung France (lire ci-dessous). En 2012, ils dépasseront
60 % du total. D'après les prévisions de Gfk, les smartphones pèseront
48 % des ventes totales de mobiles en France en volume cette année, mais
en valeur leur part montera à 82 %. Soit une somme totale de 4,2
milliards d'euros en 2011 (prix en boutique TTC, en réintégrant la
subvention opérateur), contre 3,1 milliards en 2010.
Au niveau mondial, certains sont toutefois plus pessimistes. Juniper Research estime ainsi que « la récession aura probablement un impact sur les ventes de smartphones dans le monde » en 2012.
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