Par Hubert Senant, le 22 décembre 2011
2012 approche et des voix s’élèvent pour prophétiser, non pas la fin du monde mais la fin des médias sociaux.
Avant de conclure quoi que ce soit,
prenons le temps de nous arrêter un instant sur les évolutions
marquantes des médias sociaux en France cette année.
Pouvons-nous dire que nous sommes plus nombreux à occuper les pages de nos réseaux favoris ? Les médias sociaux ont-ils gagné du terrain ou au contraire ont-ils atteint un seuil difficilement surmontable ?
Pour faire le point, nous avons choisi de nous reposer sur deux sources d’informations différentes… D’un côté, l’une des études
les plus sérieuses sur les réseaux sociaux cette année (Etude IFOP de
l’Observatoire des médias sociaux, parue en novembre dernier) et de
l’autre côté sur des données quantitatives fournies par divers outils de statistiques reposant sur des systèmes complexes de “tracking” (socialbaker ou statcounter). Qu’en avons-nous retiré ?
[1] L’attention des internautes se focalise de plus en plus sur les “majors” généralistes, qu’ils soient grand public ou professionnels.
L’étude IFOP, contrairement à de nombreux livres blancs parus sur le sujet, doit être prise au sérieux. Elle peut se targuer de faire porter ses résultats sur plus de 2000 interviews d’internautes français. On y apprend qu’en 2011 les gros acteurs mondiaux ont globalement gagné du terrain :- Facebook gagne 1 point de notoriété (96% des internautes connaissent Facebook en 2011)
- Twitter gagne 5 points de notoriété (85% des internautes connaissent Twitter de nom contre 80% en 2010)
- LinkedIn gagne 11 points de notoriété (25% des internautes français connaissent désormais le réseau social professionnel américain, contre 14% en 2010).
En revanche, certains réseaux sociaux périclitent :
- Copains D’avant perd 2 points de notoriété (84% des internautes connaissaient Copains D’avant en 2010; en 2011, ils sont 82%). Les internautes n’ont pas “oublié” Copains D’avant. Le réseau social français semble avoir atteint ses limites. Et il n’est pas le seul.
- MySpace, qui n’en finit plus d’agoniser, perd 9 points de notoriété (72% des internautes déclaraient connaître MySpace en 2010; aujourd’hui, ils ne sont plus que 63%). Le réseau social américain très axé “musique” aura bien tenté de se diversifier mais ne devient pas généraliste qui veut.
[2] Les Français sont-ils plus présents sur les réseaux sociaux en 2011 ?
a) Facebook confirme sa position hégémonique
Le site web “Socialbakers”
estime que sur les 6 derniers mois de l’année 2011, Facebook a vu son
nombre d’utilisateurs français augmenter de 4 points pour atteindre 52%
de l’ensemble des internautes de l’Hexagone.
L’étude IFOP abonde dans ce sens et
évalue la progression de Facebook en France à 6 points en 2011. 49% des
internautes français déclarent qu’ils sont inscrits sur Facebook.
Enfin, StatCounter.com nous apprend
qu’entre décembre 2010 et décembre 2011, Facebook a gagné 11 points en
termes de parts de marché “social media” (en passant de 70% en décembre
2010 à 81% en décembre 2011).
Il n’y a plus vraiment de place au doute. Facebook confirme en 2011 sa position hégémonique.
b) L’oiseau se rapproche-t-il de son altitude de croisière ?
Si 85% des internautes français
déclarent connaître Twitter de nom, ils sont seulement 8% à s’y être
inscrits. En 2010, 7% des Français étaient inscrits sur Twitter si on en
croit cet article de Jean-Nicolas Reyt.
L’étude de
Semiocast, diffusée en juin dernier, révélait que près de 900.000
nouveaux comptes avaient été créés entre mars et juin 2011, rien que
pour la France. Des chiffres qui en imposent… tout autant que
l’irrépressible sentiment d’être de plus en plus assailli par les “bots”
en tous genres.
Ces saloperies algorithmiques ont fait
leur trou en 2011. Les “bots” ont désormais un “business model”. Ils ont
trouvé des personnes prêtes à payer pour gonfler artificiellement leur
“case followers”. C’est à croire qu’il leur en manque une…
Twitter dispose encore d’un potentiel
certain. Toutefois, il incarne plus que d’autres le côté sombre des
réseaux sociaux. Ce “Dark Passenger”, c’est l’ahurissante quantité de
données doublonnées et incontrôlables que seuls les plus aguerris
peuvent domestiquer. Le potentiel de l’oiseau bleu en prend un coup.
c) Un duel de pros
En ce qui concerne les réseaux sociaux
professionnels, 2 acteurs tiennent le haut du pavé en France. Viadeo, le
national de l’étape, et LinkedIn, le géant mondial, en passe de
dépasser notre ex Viaduc Gaulois sur ses propres terres.
En effet, si Viadeo conserve toujours
une petite longueur d’avance en termes de nombre d’utilisateurs français
(9% des internautes contre 8% pour LinkedIn), il a vu son avance se
réduire à grande vitesse cette année. LinkedIn a progressé de 3 points,
Viadeo a baissé d’un point, toujours d’après l’étude IFOP.
Le constat
est le même en termes d’audience. Viadeo conservait encore en juin 2011
une courte avance sur LinkedIn avec 2,9 millions de pages vues pour
Viadeo contre 2,7 millions de pages vues pour LinkedIn.
Mis à part Facebook et LinkedIn qui
sortent leur épingle du jeu, il faut bien avouer que la bulle “social
media” ne se gonfle plus. Aujourd’hui, compte tenu des données
disponibles, on peut estimer qu’en gros 80% des internautes français
sont présents sur au moins un réseau social. C’était déjà le cas en
2010… et en 2009…
Conclusion…
En 2012, la fin du monde aura peut-être
lieu mais Facebook devrait rester le leader incontesté des médias
sociaux toutes catégories.
En 2012, l’engouement hystérique pour
les médias sociaux pourrait bien retomber. Mais ces derniers
n’imploseront pas comme peuvent le laisser entendre certaines voix un tantinet pessimistes.
En 2012, la relation entre les marques
et les médias sociaux pourrait subir quelques turbulences mais
finalement guère plus que dans n’importe quel couple amoureux.
En 2012, on trouvera encore des
personnes pour expliquer qu’avec les médias sociaux on fait du business
tout de suite et qu’on peut devenir riche en 3 semaines en suivant une
méthode à 299,90 euros TTC.
En 2012, le prix du “follower” humain
pourrait bien dépasser celui de l’or compte tenu de l’augmentation
drastique du nombre de “bots” jusque dans les plus hautes sphères de la publicité !
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