Débat
- Les DSI français ont-ils la vue basse et sous-estiment-ils le
développement des terminaux personnels en entreprise ? D’après une étude
d’IDC France, entre DSI et utilisateurs, les visions divergent, en
particulier sur les bénéfices de tels usages. Pour l’informatique, c’est
d’abord la mobilité, avec des terminaux professionnels, qui doit être
prise à bras le corps. Et ce n’est pas une mince affaire.
Bring Your Own Device, consumérisation de l’IT, des termes différents, mais une même tendance. Une tendance, qui il faut le préciser n’a rien de neuve, mais dont le développement interpelle les DSI, les RSSI, et naturellement aussi les fournisseurs de solutions qui y voient un nouveau marché.
Quelques années plus tôt, c’était des outils comme la messagerie instantanée qui entraient dans l’entreprise, sans au départ le support de l’informatique. Désormais, ce ne sont plus seulement des logiciels personnels (ou en tout cas destinés au grand-public) qui prennent leur place dans les SI des entreprises, mais aussi des terminaux (PC portables, smartphones et tablettes).
Des usages ? Euh, quels usages ?
Selon une étude d’IDC/Unisys publiée en septembre, 40,7% d’utilisateurs déclarent utiliser des terminaux personnels pour accéder à des applications de leur entreprise. Pour évaluer cette pratique en France, IDC a mené, pour le compte d’IBM, une étude comparable auprès d’un panel de 206 utilisateurs (détenant un terminal mobile, personnel ou professionnel, et en ayant un usage pro) et auprès de 100 responsables informatiques d’entreprises de plus de 1.000 salariés.
Point intéressant, deux visions, souvent radicalement différentes, s’affrontent, à savoir celles des responsables informatiques et des utilisateurs. D’après les premiers, les équipements mobiles utilisés par les salariés sont pour 23% d’entre eux des PC portables (dans 99,5% des cas fournis par l’entreprise), des smartphones pour 11% et des tablettes pour 0,6%.
C’est d’ailleurs pour les tablettes que la part des appareils personnels serait la plus importante d’après les estimations des DSI sondés. Sur les 0,6% de salariés équipés, 81% l’ont été par leur entreprise.
Selon les DSI, l’équipement en terminaux mobiles est donc encore restreint à ce jour. Toutefois, environ un tiers d’entre eux prévoient d’accroître le nombre de salariés équipés d’ici 12 à 18 mois (36% pour les PC portables, 27% pour les smartphones et 35% en tablettes).
Prolifération des équipements personnels pour des usages pros
« Les entreprises ont plutôt une politique élitiste. Elles équipent les VIP, les cadres dirigeants, mais aussi une partie de la force commerciale, parfois aussi des salariés du marketing ainsi que des techniciens d’intervention » rapporte Nathalie Feeney, analyste chez IDC France.
Mais la vision des DSI est-elle la plus exacte quant aux usages réels de ces terminaux en entreprise ? Une chose est sûre, de l’examen des réponses des utilisateurs, c’est une tendance à la prolifération des équipements et des usages qui se dégage.
D’abord ces utilisateurs sont multi-équipés. Il s’agit principalement d’appareils personnels (96% ont un portable, 75% un smartphone et 19% une tablette). Mais ce que semblent sous-estimer les directions informatiques, ce sont les usages professionnels de ces équipements.
« Pour les tablettes, 45% des salariés ont une utilisation mixte [Ndlr : perso et pro] de leur tablette personnelle. 67% utilisent leur smartphone dans le cadre de leur activité. C’est principalement de l’accès à la messagerie et à l’agenda » chiffre Nathalie Feeney.
Mais surtout, pour 73% de ces salariés témoignant d’une utilisation professionnelle de leurs terminaux personnels, ces usages se font sans accord de la DSI. En somme, si les responsables informatiques supposent, à juste titre, que ces usages existent dans l’entreprise, ils pourraient bien être dans le flou total quant à l’ampleur de cette pratique – ou en tout cas la sous-estimer.
Les appareils personnels ne passeront pas ! pour 34% de DSI
D’ailleurs 32% d’entre eux ne constatent aucun usage de cette nature, et 44% le constatent oui, mais perçoivent cet usage comme marginal. Cette myopie pourrait expliquer en partie l’hostilité des DSI vis-à-vis de ce phénomène.
34% se déclarent opposés à l’utilisation des environnements personnels pour accéder au SI. 18% sont au contraire favorables à une intégration au système d’information de l’entreprise. Et les autres ? 49% sont pour tolérer ces usages et les accompagner d’une charte et de règles d’utilisation. Quid du respect des chartes ?
Pourtant, en apparence, DSI et salariés semblent partager un même constat sur l’apport des outils de mobilité : réactivité, plus grande flexibilité de travail, gain en productivité (selon 76% des salariés mais 63% des DSI), etc.
Jusqu’ici tout va bien. Car il y a une nuance de taille. La mobilité oui, mais pas par des appareils personnels répondent les DSI. « Quand on demande aux responsables informatiques s’ils pensent que les utilisateurs qui apportent leur outil personnel au sein de l’entreprise sont plus productifs, 79% nous disent non » explique Nathalie Feeney.
Productivité des salariés ? Cela reste à voir
La solution serait donc par conséquent de fournir des terminaux mobiles d’entreprise aux salariés, ce qui freinerait ainsi le développement de l’utilisation des outils personnels. Sur le papier, cela se tient. Mais voilà, déployer de nouveaux équipements (et les administrer) ne se fait pas en un claquement de doigts.
Car les enjeux et difficultés sont bien réels, et très souvent négligés et/ou ignorés par les utilisateurs finaux avant tout préoccupés par les aspects utilitaires. Pour les DSI, qui se sont longtemps efforcés de bâtir un poste de travail homogène (et unique), les terminaux mobiles, intégrant des OS multiples, imposent des actions bien concrètes : l’adaptation des applications existantes, ce qui a un coût, l’administration de machines supplémentaires, dont leur sécurisation. Etc.
Gestion du multi-OS, coûts, sécurité et charge pour l’IT sont ainsi les quatre principaux enjeux relevés par les DSI. « Pourtant, ils ne doutent pas qu’à terme ils vont devoir intégrer les tablettes. Oui, mais ils pensent aux tablettes fournies par l’entreprise. Mais clairement, ils ne sont pas convaincus de la nécessité d’englober les outils personnels. Il y a un vrai besoin de démontrer que ces appareils peuvent être une vraie opportunité pour l’entreprise » analyse Nathalie Feeney.
Bring Your Own Device, consumérisation de l’IT, des termes différents, mais une même tendance. Une tendance, qui il faut le préciser n’a rien de neuve, mais dont le développement interpelle les DSI, les RSSI, et naturellement aussi les fournisseurs de solutions qui y voient un nouveau marché.
Quelques années plus tôt, c’était des outils comme la messagerie instantanée qui entraient dans l’entreprise, sans au départ le support de l’informatique. Désormais, ce ne sont plus seulement des logiciels personnels (ou en tout cas destinés au grand-public) qui prennent leur place dans les SI des entreprises, mais aussi des terminaux (PC portables, smartphones et tablettes).
Des usages ? Euh, quels usages ?
Selon une étude d’IDC/Unisys publiée en septembre, 40,7% d’utilisateurs déclarent utiliser des terminaux personnels pour accéder à des applications de leur entreprise. Pour évaluer cette pratique en France, IDC a mené, pour le compte d’IBM, une étude comparable auprès d’un panel de 206 utilisateurs (détenant un terminal mobile, personnel ou professionnel, et en ayant un usage pro) et auprès de 100 responsables informatiques d’entreprises de plus de 1.000 salariés.
Point intéressant, deux visions, souvent radicalement différentes, s’affrontent, à savoir celles des responsables informatiques et des utilisateurs. D’après les premiers, les équipements mobiles utilisés par les salariés sont pour 23% d’entre eux des PC portables (dans 99,5% des cas fournis par l’entreprise), des smartphones pour 11% et des tablettes pour 0,6%.
C’est d’ailleurs pour les tablettes que la part des appareils personnels serait la plus importante d’après les estimations des DSI sondés. Sur les 0,6% de salariés équipés, 81% l’ont été par leur entreprise.
Selon les DSI, l’équipement en terminaux mobiles est donc encore restreint à ce jour. Toutefois, environ un tiers d’entre eux prévoient d’accroître le nombre de salariés équipés d’ici 12 à 18 mois (36% pour les PC portables, 27% pour les smartphones et 35% en tablettes).
Prolifération des équipements personnels pour des usages pros
« Les entreprises ont plutôt une politique élitiste. Elles équipent les VIP, les cadres dirigeants, mais aussi une partie de la force commerciale, parfois aussi des salariés du marketing ainsi que des techniciens d’intervention » rapporte Nathalie Feeney, analyste chez IDC France.
Mais la vision des DSI est-elle la plus exacte quant aux usages réels de ces terminaux en entreprise ? Une chose est sûre, de l’examen des réponses des utilisateurs, c’est une tendance à la prolifération des équipements et des usages qui se dégage.
D’abord ces utilisateurs sont multi-équipés. Il s’agit principalement d’appareils personnels (96% ont un portable, 75% un smartphone et 19% une tablette). Mais ce que semblent sous-estimer les directions informatiques, ce sont les usages professionnels de ces équipements.
« Pour les tablettes, 45% des salariés ont une utilisation mixte [Ndlr : perso et pro] de leur tablette personnelle. 67% utilisent leur smartphone dans le cadre de leur activité. C’est principalement de l’accès à la messagerie et à l’agenda » chiffre Nathalie Feeney.
Mais surtout, pour 73% de ces salariés témoignant d’une utilisation professionnelle de leurs terminaux personnels, ces usages se font sans accord de la DSI. En somme, si les responsables informatiques supposent, à juste titre, que ces usages existent dans l’entreprise, ils pourraient bien être dans le flou total quant à l’ampleur de cette pratique – ou en tout cas la sous-estimer.
Les appareils personnels ne passeront pas ! pour 34% de DSI
D’ailleurs 32% d’entre eux ne constatent aucun usage de cette nature, et 44% le constatent oui, mais perçoivent cet usage comme marginal. Cette myopie pourrait expliquer en partie l’hostilité des DSI vis-à-vis de ce phénomène.
34% se déclarent opposés à l’utilisation des environnements personnels pour accéder au SI. 18% sont au contraire favorables à une intégration au système d’information de l’entreprise. Et les autres ? 49% sont pour tolérer ces usages et les accompagner d’une charte et de règles d’utilisation. Quid du respect des chartes ?
Pourtant, en apparence, DSI et salariés semblent partager un même constat sur l’apport des outils de mobilité : réactivité, plus grande flexibilité de travail, gain en productivité (selon 76% des salariés mais 63% des DSI), etc.
Jusqu’ici tout va bien. Car il y a une nuance de taille. La mobilité oui, mais pas par des appareils personnels répondent les DSI. « Quand on demande aux responsables informatiques s’ils pensent que les utilisateurs qui apportent leur outil personnel au sein de l’entreprise sont plus productifs, 79% nous disent non » explique Nathalie Feeney.
Productivité des salariés ? Cela reste à voir
La solution serait donc par conséquent de fournir des terminaux mobiles d’entreprise aux salariés, ce qui freinerait ainsi le développement de l’utilisation des outils personnels. Sur le papier, cela se tient. Mais voilà, déployer de nouveaux équipements (et les administrer) ne se fait pas en un claquement de doigts.
Car les enjeux et difficultés sont bien réels, et très souvent négligés et/ou ignorés par les utilisateurs finaux avant tout préoccupés par les aspects utilitaires. Pour les DSI, qui se sont longtemps efforcés de bâtir un poste de travail homogène (et unique), les terminaux mobiles, intégrant des OS multiples, imposent des actions bien concrètes : l’adaptation des applications existantes, ce qui a un coût, l’administration de machines supplémentaires, dont leur sécurisation. Etc.
Gestion du multi-OS, coûts, sécurité et charge pour l’IT sont ainsi les quatre principaux enjeux relevés par les DSI. « Pourtant, ils ne doutent pas qu’à terme ils vont devoir intégrer les tablettes. Oui, mais ils pensent aux tablettes fournies par l’entreprise. Mais clairement, ils ne sont pas convaincus de la nécessité d’englober les outils personnels. Il y a un vrai besoin de démontrer que ces appareils peuvent être une vraie opportunité pour l’entreprise » analyse Nathalie Feeney.
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