lundi 3 février 2014

62 % des Français ne croient pas au retour de la croissance avant 2017

A lire sur: http://www.acteurspublics.com/2014/01/09/62-des-francais-ne-croient-pas-au-retour-de-la-croissance-avant-2017

Le 09/01/2014 
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62 % des Français ne croient pas au retour de la croissance avant 2017

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Plus de 6 personnes sur 10 interrogées par l’Ifop pour Acteurs publics et Ernst & Young ne pensent pas que la France retrouvera la croissance sous la Présidence de François Hollande. Et pour 73 % d’entre elles, les entreprises ne disposent pas en France d’un environnement leur permettant d’être compétitives.
Alors que les perspectives de croissance pour 2014 et 2015 restent faibles, l’Ifop a réalisé une étude pour le compte d’Acteurs publics et Ernst & Young sur la perception qu’ont les Français de la compétitivité des entreprises et de la croissance. Leur analyse est sans appel : près de trois personnes interrogées sur quatre (73 %) estiment que les entreprises ne disposent pas en France d’un environnement leur permettant d’être les plus compétitives.
Majoritaire dans toutes les catégories de la population, cette vision négative de l’environnement socioéconomique offert aux entreprises françaises n’en reste pas moins étroitement corrélée aux affinités politiques des Français, à leur situation professionnelle et à leur lieu de résidence. Cette appréciation s’avère politiquement très marquée si l’on en juge par la proportion de sympathisants de droite et d’extrême droite estimant que leur pays ne permet pas à ses entreprises d’être compétitives : 87 % contre 73 % des sympathisants du MoDem et “à peine” 55 % des sympathisants de gauche.
Dans le détail, les sympathisants socialistes (52 %) et écologistes (53 %) sont les moins nombreux à partager ce point de vue, qui est néanmoins aujourd’hui majoritaire à gauche. L’opinion des Français sur ce sujet dépend donc pour beaucoup de leur positionnement sur l’échiquier politique. Mais en étant partagé par une très large majorité de la population, ce constat d’un manque de compétitivité va bien au-delà du clivage gauche-droite.

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En effet, les Français les plus enclins à critiquer cet environnement socioéconomique sont aussi surreprésentés parmi les personnes en activité – 77 % chez les actifs contre 69 % chez les inactifs – et dans les catégories confrontées le plus aux contraintes juridiques et fiscales de l’administration française, à savoir les travailleurs indépendants (86 %) et plus largement, les artisans, commerçants et chefs d’entreprise de plus de 10 salariés (80 %).
Réduire les charges
Parmi les différentes pistes à suivre pour soutenir l’activité des entreprises, les Français privilégient avant tout la réduction des charges (59 %), loin devant la baisse des taxes pesant sur les entreprises (39 %) et l’aide au développement des PME (32 %). Les autres pistes ayant les faveurs d’au moins un Français sur dix sont l’assouplissement du droit du travail (18 %), le soutien à l’innovation (17 %) et l’encouragement à la création d’entreprise (16 %).
Dans le détail des résultats, on remarque que le positionnement politique des personnes interrogées influe beaucoup sur les pistes qu’elles suggèrent pour soutenir l’activité des entreprises. Les sympathisants UMP se distinguent ainsi en mettant l’accent sur la réduction des charges (72 % la mettent en avant, contre 59 % en moyenne chez l’ensemble des Français), la baisse de la fiscalité des entreprises (50 % de citations, contre 39 % en moyenne) ou la flexibilité du marché du travail (31 %, contre 18 % chez l’ensemble des Français).

Les sympathisants FN partagent leur point de vue sur la réduction des charges (70 %) et des taxes sur les entreprises (51 %), mais ils s’en distinguent fortement sur la question de l’assouplissement du droit du travail, cité par deux fois moins de sympathisants FN (17 %) que de sympathisants UMP (31 %).
De leur côté, les sympathisants socialistes sont plus enclins à proposer des alternatives aux leviers d’ordre fiscal. Ainsi, ils citent en premier l’aide au développement de PME (44 %, contre 40 % pour la réduction des charges et 27 % pour des taxes) tout en mettant plus en avant certaines pistes comme le soutien à l’innovation (24 %, contre 17 % en moyenne chez l’ensemble des Français), à la création d’entreprise (21 %, contre 16 % en moyenne chez l’ensemble des Français) ou à certaines filières industrielles (11 %, contre 7 % en moyenne).
Dans dix ans… ou jamais
Plus de 6 Français sur 10 (62 %) ne croient pas que leur pays retrouvera la croissance sous la Présidence de François Hollande. De manière générale, les Français se montrent plutôt sceptiques sur la capacité de leur pays à retrouver la croissance avant la fin de la mandature : ils sont à peine 7 % à croire que son économie y arrivera d’ici 2014 et un peu moins d’un tiers (31 %) à penser que cela se produira avant 2017. La très grande majorité des Français pense que le pays ne retrouvera la croissance que dans dix ans (43 %), voire qu’il n’y arrivera jamais (19 %).
En analysant plus finement les résultats, on remarque que la croyance dans la capacité de leur pays à retrouver la croissance d’ici 2017 (38 % en moyenne) est minoritaire dans presque toutes les catégories de la population. Parmi les rares exceptions, il faut souligner les sympathisants du MoDem (55 %) et surtout les électeurs des partis situés dans la majorité, à savoir les personnes se disant proches du PS (65 %) ou d’Europe Écologie-Les Verts (58 %).

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Plus largement, on note que cet espoir est d’autant plus fort que le niveau social du répondant est élevé : de 33 % chez les ouvriers et les employés, il monte à 44 % chez les professions intermédiaires et à 51 % chez les cadres et professions intellectuelles supérieures. Il est en revanche plus faible que la moyenne dans les rangs des sympathisants d’extrême droite (16 %), des travailleurs indépendants (34 %) et des personnes résidant en milieu rural (35 %) ou dans l’Est de la France (32 % dans le Nord-Est, 37 % dans le Sud-Est).
Il faut dire que ces catégories de la population sont souvent celles qui s’avèrent les plus pessimistes quant à la capacité du pays à retrouver un jour la croissance. En effet, la proportion de Français estimant que leur pays n’y arrivera jamais (19 % en moyenne) est particulièrement forte dans les catégories populaires (26 %, dont 29 % chez les ouvriers), en milieu rural (22 %, contre 13 % des habitants de l’agglomération parisienne) et dans le Nord-Est de la France (26 %). De même, elle s’avère particulièrement élevée dans les rangs des électeurs situés aux deux extrémités de l’échiquier politique, c’est-à-dire les sympathisants du Front de gauche (26 %) et ceux du Front national (38 %).
François Kraus,
directeur d’études au département “Opinion et stratégies d’entreprise” de l’Ifop
Sondage Acteurs publics/Ernst & Young réalisé par l’Ifop pour l’Observatoire des politiques publiques auprès d’un échantillon de 961 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas (sexe, âge, profession de l’interviewé) après stratification par région et catégorie d’agglomération. Les interviews ont eu lieu par questionnaire auto-administré en ligne (CAWI - Computer Assisted Web Interviewing) du 11 au 13 décembre 2013.


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