mercredi 7 décembre 2011

Nicolas Sarkozy et Eric Schmidt inaugurent le "Googleplex" français

LEMONDE.FR | 06.12.11 | 13h21   •  Mis à jour le 06.12.11 | 14h58
Google a inauguré en grande pompe, ce mardi 6 décembre, à deux pas de la gare Saint-Lazare, son nouveau siège parisien, baptisé "Googleplex". Au prix d'un investissement de 100 millions d'euros, le géant américain – qui occupait auparavant des locaux bien modestes – installe au cœur de la capitale, dans un ancien hôtel particulier de 10 000 mètres carrés, à la fois son nouveau siège Europe du Sud, de l'Est, Moyen-Orient et Afrique, un institut culturel et un centre de recherche et de développement. Pour l'occasion, le moteur de recherches avait convié son ancien numéro un, Eric Schmidt, et le président de la République français.
Pourtant, la présence de Nicolas Sarkozy au siège de Google n'allait pas de soi. Il y a un an et demi, le président de la République tempêtait contre Google et les autres entreprises du Web qui "ne payent pas assez d'impôts en France" (lien abonnés). Installé en Irlande, où la fiscalité sur les entreprises est particulièrement avantageuse, Google, comme Facebook et d'autres entreprises du secteur, payent en effet l'essentiel de leurs impôts dans l'île – y compris pour les contenus ou publicités vendues à des Français.
"Pourquoi je suis venu ?", a fait mine de s'interroger Nicolas Sarkozy, mardi, en ouverture d'une discussion avec Eric Schmidt et des employés de Google. "Pourquoi, en tant que président, je viens chez Google ? C'est du lourd ! Ce n'était pas évident. Mais j'admire beaucoup la vitalité américaine, on me l'a suffisament reproché", a-t-il expliqué.
Ces questions de fiscalité avaient donné lieu à un vaste débat. Initialement proposé dans les recommandations de la commission Zelnick, le principe d'une "taxe Google", visant à ponctionner les revenus des grands services Web, avait été validée par le chef de l'Etat. Mais le projet avait fait long feu. Vivement critiqué par les entrepreneurs du secteur et par certains députés, la "taxe Google" a, après de multiples rebondissements, été abandonnée, même si la tentation de taxer davantage les acteurs du numérique reste toujours présente au gouvernement.
DES INVESTISSEMENTS ET DES EMPLOIS
Dans l'intervalle, Nicolas Sarkozy et Google étaient parvenus à un accord un peu différent – même si le moteur de recherche nie que les deux éléments soient liés : Google devait s'engager à renforcer nettement ses investissements en France. En septembre 2010, après une rencontre entre le président de la République et Eric Schmidt, Google annonçait ainsi l'ouverture d'un centre de recherches et d'un centre culturel en France. Un effort important et un gage : Google ne sera pas un "patron voyou", pour reprendre la terminologie de Nicolas Sarkozy.
Plus que les quelques dizaines d'emplois créés par Google – 350 aujourd'hui, 450 d'ici 18 mois – l'implantation du nouveau Googleplex est avant tout une question de symbole. "Le nouveau QG parisien de Google est à la hauteur de son engagement en France", affirme le communiqué de presse du moteur de recherche, qui détaille sur un site dédié l'ampleur de son investissement dans l'Hexagone, sous le titre "Un acteur français à part entière".
Pour Nicolas Sarkozy, c'est l'image d'une France innovante et attractive, capable de fidéliser les grandes entreprises étrangères, qui est en jeu. Lors de son intervention, le président de la République est d'ailleurs longuement revenu sur l'autonomie des universités, l'un des projets-clés de son mandat, et condition indispensable selon lui au développement des entreprises innovantes en France. Il a également profité de l'occasion pour détailler sa vision d'une "Silicon Valley à la Française", avec de nombreux partenariats public-privé, sur le plateau de Saclay (Essonne).
La hache de guerre entre le chef de l'Etat français et le premier moteur de recherche au monde est-elle définitivement enterrée ? Le modus vivendi trouvé sur les questions fiscales et l'investissement n'exclut pas que les deux parties s'échangent encore de petites piques. Lorsque Nicolas Sarkozy commence une explication par : "Vous vous placez en Irlande, vous nous envoyez tout", Eric Schimdt s'apprête à intervenir. "C'était le passé", le coupe le président de la République, dans un grand sourire ; quelques minutes plus tard, en conclusion, Eric Schmidt remercie "l'extraordinaire dirigeant de la France".
Damien Leloup
 
http://www.lemonde.fr/technologies/article/2011/12/06/nicolas-sarkozy-et-eric-schmidt-inaugurent-le-googleplex-francais_1613769_651865.html

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