jeudi 13 octobre 2011

Le service reprend progressivement sur les BlackBerry

13/10 | 07:00 | mis à jour à 10:44 | Solveig Godeluck

Cela fait trois jours que les e-mails, les messages instantanés et la navigation sur Internet fonctionnent mal ou pas du tout sur les « smartphones » de la firme canadienne. Le plus grand flou règne sur ce qui se passe chez RIM.

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Solveig GODELUCK
Solveig GODELUCK
La panne était contagieuse. Pendant trois jours, des millions de BlackBerry dans le monde n'ont pu envoyer ou recevoir des mails et des messages instantanés (BBM) ou même naviguer sur le Web. Profitant de ce moment de faiblesse, un fonds d'investissement, Jaguar Financial, vient de réclamer la tête des deux coPDG de Research In Motion (RIM). Il estime avoir le soutien d'actionnaires pesant 8 % du capital. Depuis le début de l'année, le cours de Bourse a chuté de 60 % et il est au plus bas depuis cinq ans.
Les problèmes ont commencé lundi en Europe, au Moyen-Orient et en Asie. Alors que le fabricant du « smartphone » cher aux professionnels venait de se féliciter d'avoir circonscrit les dégâts, ils se sont étendus mardi au Chili, à l'Argentine, à l'Inde et au Brésil. Hier, nouveau problème : l'Asie est, elle aussi, touchée, avec des pays comme le Japon, Hong Kong et Singapour, puis l'Amérique du Nord.Enfin, RIM a reconnu que les Etats-Unis étaient également impactés par la panne. L'opérateur Sprint a ainsi annoncé travailler avec le fabricant canadien pour tenter de résoudre les difficultés.
La situation revient progressivement à la normale ce jeudi, a indiqué RIM, avec cependant des spécificités dans chaque région. L'Europe, le Moyen-Orient, l'Inde et l'Afrique restent privés de navigation sur Internet, alors que les BBM circulent et que la plupart des e-mails arrivent à leurs destinataires. Tout fonctionne quasi normalement en Amérique (à quelques exceptions près en Amérique du Sud), avec tout de même encore des retards sur les services de messagerie.

70 millions de « smartphones »

Au plus aiguë de la crise, très peu d'explications ont filtré en provenance de RIM, qui gère un parc de 70 millions de « smartphones ». Le groupe a toutefois écarté les soupçons d'un piratage informatique. Les « retards » observés avec la messagerie et la navigation « ont été causés par un défaut des commutateurs de coeur de réseau dans l'infrastructure de RIM », a expliqué mercredi le groupe dans un communiqué. « Bien que le système soit conçu pour basculer vers des commutateurs de secours, la bascule, qui fonctionnait lors des tests, ne s'est pas faite. Par conséquent, de nombreuses données se sont accumulées. Nous travaillons aujourd'hui pour réduire cette accumulation et restaurer un service normal aussi rapidement que possible. » La panne initiale, doublée de la défaillance du système de secours, a ainsi causé des embouteillages dans les communications, et s'est ainsi propagée aux autres pays. Une fois réparée, les paquets de mails et de messages en retard vont encore devoir être acheminés. Si RIM perdait des données en route, « ce serait catastrophique », explique un opérateur télécoms, qui ne croit pas à un tel scénario mais pointe l'importance de la fiabilité pour les entreprises ayant une flotte de BlackBerry. Il est lui-même assailli de demandes d'explications de ses gros clients du CAC 40.

Centralisation du trafic

Selon nos informations, la faille des commutateurs numériques a été réparée mercredi avant l'aube, mais une avarie sur un routeur a de nouveau fait replonger le service. Ce que confirme l'opérateur : « Nous avons récupéré le service dans la nuit de lundi à mardi mais, au matin, les problèmes sont réapparus. Nous n'avons plus que 20 % du trafic normal sur notre interconnexion avec RIM. » En fait, ni les gros clients ni les opérateurs ne peuvent voir ce qui se passe chez l'équipementier canadien, car il centralise tout son trafic mobile dans quelques data centers répartis dans le monde mais dont la localisation est tenue secrète. Pour l'Europe, le Moyen-Orient et l'Afrique, ses serveurs centraux sont stockés dans des data centers à Paris et à Bruxelles. C'est là que les données destinées à s'afficher sur un écran de Blackberry sont compressées, à l'aide d'un algorithme lui aussi secret qui fait la fierté de RIM. Grâce à cet encodage, ses téléphones consomment cinq à dix fois moins de bande passante qu'un iPhone ou un Galaxy SII. Le système Blackberry a été conçu à l'époque où les « smartphones » n'existaient pas, et où les réseaux mobiles étaient configurés pour transporter uniquement de la voix.
Aujourd'hui encore, RIM est le seul à retraiter ainsi les informations avant de les acheminer vers les opérateurs. Seul hic : la centralisation du trafic, à l'opposé de l'architecture d'Internet, fragilise l'ensemble. « Les serveurs de BlackBerry ne parviennent visiblement pas à supporter la charge de trafic », explique un opérateur. « Ont-ils sous-dimensionné leurs investissements ? Nous ne le savons pas, mais cela ne remet pas en cause l'architecture extrêmement efficace de leur système. »
La vraie remise en cause ne peut venir que des clients : si RIM ne jugule pas la panne à temps, ils risquent de migrer vers Apple, Windows Phone ou Android.
SOLVEIG GODELUCK
 http://www.lesechos.fr/entreprises-secteurs/tech-medias/actu/0201690230319-le-service-reprend-progressivement-sur-les-blackberry-232781.php

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