Le gendarme de l'audiovisuel a demandé aux opérateurs de cesser leur expérimentation sur la 4G le week-end du 15 octobre à Laval. Il ne voulait pas risquer une perturbation de la diffusion de la demi-finale de la Coupe du monde de rugby.
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Il n'est pas sûr que les Français puissent
regarder la télévision numérique terrestre (TNT) si les opérateurs
télécoms obtiennent des licences 4G pour le haut débit mobile. C'est en
tout cas la crainte du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA), qui a
expressément demandé aux opérateurs télécoms de cesser leur
expérimentation en cours à Laval au cours du week-end des 15 et
16 octobre. La raison de cette inquiétude : des brouillages importants
avec les fréquences 4G ont été constatés, allant jusqu'à empêcher le
visionnage des chaînes. Dans un courrier adressé le 13 octobre aux
opérateurs et aux équipementiers, Franck Lebeugle, directeur de la
technologie au CSA, reconnaît que certains équipements ont « généré des brouillages sur une dizaine d'immeubles collectifs (ce qui représente entre 300 et 400 personnes) ». Et d'avertir : « Au
vu du nombre de téléspectateurs brouillés, les équipes d'intervention
en période de week-end risquent de ne pas pouvoir résoudre tous les
brouillages. » D'où la demande par le CSA d'une interruption des tests pendant le week-end. « Il
ne nous paraît pas déraisonnable, dans un souci de préserver le service
aux téléspectateurs le week-end, de demander à suspendre la station
concernée », explique Franck Lebeugle. Le week-end en
question promettait de battre des records d'audience, entre la
demi-finale de la Coupe du monde de rugby et la désignation du candidat
du PS pour la prochaine présidentielle. Il aurait été dommage d'en
priver les téléspectateurs de Laval au motif que la ville a été choisie
par Orange, SFR, Bouygues Telecom, Alcatel-Lucent, TDF et d'autres pour
tester les capacités de la 4G.
Blocage d'écrans
Avant même cet épisode, de graves brouillages avaient été constatés sur le terrain. « Au
moment de l'expérimentation, nous avons eu des remontées de la part des
collectivités, qui nous ont dit qu'il y avait des brouillages très
importants. On a constaté des blocages d'écrans, allant jusqu'à l'arrêt
total de la réception », confirme Hugues Martinet,
directeur du pôle TV de Towercast, la filiale de NRJ dédiée à la
diffusion des chaînes de la TNT. Selon Towercast, les fréquences 4G
génèrent un phénomène dit de « désensibilisation ». « Le signal qui provient des émetteurs de télévision est trop faible par rapport à celui des émetteurs 4G
qui émettent à proximité des domiciles des particuliers »,
précise Hugues Martinet. Towercast est d'autant plus mécontent que le
groupe n'a pas été associé à l'expérimentation actuellement menée à
Laval, qui se fait sous l'ombrelle de son concurrent TDF et des
opérateurs de télécommunications.
En juin, le ministre de l'Industrie, Eric Besson, minimisait pourtant la portée de ces brouillages. Ils « concernent une partie infime des cas »,
avait-il alors déclaré. Une position compréhensible : le gouvernement
est en plein processus de vente des licences 4G. Les premiers lots ont
rapporté 936 millions d'euros. Les seconds doivent être cédés le
15 décembre et l'Etat en attend au minimum 1,8 milliard. Pour mémoire,
ces mêmes licences ont été vendues pour près de 3 milliards d'euros en
Italie il y a trois semaines.
En ces
temps difficiles pour le budget de l'Etat, et vu les tensions sur le
marché de la dette souveraine en Europe, il semble difficile pour le
gouvernement de retarder cet appel à candidatures ou de revoir à la
baisse le prix de réserve des fréquences pour tenir compte des risques
liés, théoriquement supportés par les opérateurs. Cependant, force est
de constater qu'en Grande-Bretagne le régulateur a repoussé la vente des
licences 4G à l'an prochain. Parmi les raisons techniques avancées, les
fréquences de téléphonie mobile qui pourraient perturber la réception
de la TNT pour près de 800.000 foyers britanniques. Pas sûr que les
Français soient prêts à éteindre leur télé le temps qu'émerge une
solution technique. Contacté, le CSA a déclaré ne pas vouloir s'exprimer
avant la fin des tests.
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