mercredi 5 février 2014

Fleur Pellerin : " Je veux changer le logiciel culturel des Français face à l'échec"

A lire sur: http://business.lesechos.fr/entrepreneurs/aides-reseaux/fleur-pellerin-je-veux-changer-le-logiciel-culturel-des-francais-face-a-l-echec-59093.php

Par Valérie Talmon, journaliste | 13/01/2014

En finir avec la stigmatisation de l'échec et favoriser le rebond entrepreneurial : c'est le nouveau cheval de bataille de Fleur Pellerin, ministre déléguée chargée des PME. Elle signait ce lundi 13 janvier une "Charte du Rebond" et confie une mission sur ce thème à un binôme entrepreneur-représentant du monde associatif.


Fleur Pellerin
Fleur Pellerin, ministre déléguée chargée des PME, du numérique et de l'innovation.

Pourquoi cette action, cet intérêt en faveur du rebond après un échec entrepreneurial ?

Fleur Pellerin : Le premier électrochoc a eu lieu l'an dernier, à la lecture d'une étude dans The Economist. Y était présentée une étude de la commission européenne consacrée au délai entre l'échec et le rebond entrepreneurial. La France était le pays où la durée était la plus longue : 8 ans ! C'est énorme. Par ailleurs, au cours de mes déplacements dans d'autres pays, je vois qu'un des éléments majeurs du dynamisme économique est la valorisation de l'échec. Je reviens tout juste de Las Vegas, où j'ai notamment rencontré le vice-président monde de Deloitte. Il expliquait que le dynamisme de la Silicon Valley n'était pas seulement constitué par l'argent disponible pour les entreprises, mais également par l'attitude des capitaux-risqueurs. En effet, ceux-ci demandent aux entrepreneurs « combien de fois t'es-tu planté ? », signe qu'ils valorisent l'échec !

Extrait de l'étude Ipsos " Comment rebondir après un échec professionnel ?" :
étude ipsos échec 1francais


Comment peut-on agir pour changer la donne ?

En France, on stigmatise l'échec et on ne valorise pas assez le risque. Bien sûr, on peut travailler sur des sujets comme le droit des faillites par exemple, ou encore la suppression de l'indice 040 de la Banque de France depuis l'an dernier. Mais sur les aspects culturels, on ne peut agir par décret ! Je veux icimodifier le logiciel culturel des Français face à la prise de risque et la vision de l'échec. Sur ce terrain, je dispose par exemple d'une enveloppe de 20 millions d'euros dédiée au financement ou au cofinancement d'initiatives permettant de stimuler l'innovation et l'esprit d'entreprise, par exemple via des programmes de sensibilisation dans le monde scolaire. Aujourd'hui, je veux aller plus loin avec la conférence du Rebond.
A RETENIR


En quoi consiste ce dispositif ?

Aux Etats-Unis, il existe des FailCon, conférences dédiées à la prise de risque et aux rebonds. L'idée, avec la conférence d'aujourd'hui, est de les décliner en France.  Leur but est dedédramatiser l'échec avec des témoignages d'entrepreneurs, de sportifs, etc. qui parleront de leur expérience. La Charte du Rebond, signée avec 4 associations (60 000 Rebonds, Re-créer, Second Souffle, SOS Entrepreneur), et l'Association des Régions de France, permettra d'organiser de telles conférences partout en France.
Je vais également confier une mission à un binôme entrepreneur-représentant du monde associatif qui sera chargé de me faire des propositions d'actions concrètes pour valoriser la démarche essai-erreur, rebondir après un échec, etc.
Extrait de l'étude Ipsos " Comment rebondir après un échec professionnel ?"  :
étude ipsos échec 2


Certains comme Philippe Rambaud (60 000 Rebonds) aimeraient la mise en place d'une assurance-chômage obligatoire pour les entrepreneurs. Est-ce une piste de travail envisageable ?

Cette notion avait été proposée dans le cadre des Assises de l'Entrepreneuriat. Cela permettrait effectivement de limiter le risque pris par les créateurs. Sur ce point, je laisserai la mission me faire des propositions. Et cela sera sans doute également développé lors de la « saison 2 » des Assises de l'Entrepreneuriat.

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