jeudi 1 mai 2014

Le livre est mort : vive le livre !

A lire sur: http://www.lesechos.fr/opinions/points_vue/0203426848937-le-livre-est-mort-vive-le-livre-665622.php

Par Les Echos | 18/04 | 06:00
En France, nous avons la littérature la plus vaste du monde, et un des lectorats les plus assidus. Comme toute chose, les modes de lecture évoluent, et certains agitent le spectre de la fin du livre papier en faisant du livre numérique son concurrent diabolique. Loin de s'opposer, ces deux formats sont étroitement complémentaires et offrent un vaste espace d'opportunités.
D'abord l'opportunité d'une expérience de lecture enrichie. Le livre numérique n'est pas une menace. Il constitue une innovation de format qui permet d'enrichir l'expérience de lecture : mise à jour des contenus, profondeur de l'information, références et appareil critique. Plus encore, tout terminal doté d'un écran devient potentiellement un livre, ce qui ouvre des perspectives extraordinaires. C'est un pont avec les non-lecteurs, en particulier les jeunes, une bibliothèque sans limite qui leur est proposée, ainsi que l'opportunité d'une culture véritablement démocratisée.
Certains présentent les libraires comme de nécessaires victimes de cette évolution. Ma conviction est que ce sera le contraire. Face à la numérisation, le contact et le sens prennent une importance croissante. Le livre numérique va entraîner un nouveau lectorat, qui se rabattra forcément sur le papier et, loin de créer de la distance, il va réintroduire de la proximité. Face au flux d'ouvrages, qui sont accessibles instantanément à la communauté des lecteurs, le libraire aura plus que jamais un rôle de conseiller, de dénicheur, au sein de la librairie, lieu d'échange dépassant son statut initial de magasin.
Plus encore, la complémentarité entre les supports s'observe dans l'avènement du livre-objet : l'essor du numérique nous rappelle l'importance des attributs physiques du livre papier. Le toucher, la qualité du papier, la forme, l'image, apparaissent plus que jamais comme les composants essentiels du lire, et forcent auteurs et éditeurs à innover et à se transformer.
Ensuite, le livre numérique ouvre de nouvelles voies à l'industrie du livre. Pour les lecteurs, c'est une véritable ouverture aux contenus littéraires, au vu de leur prix attractif. Et ce livre, on peut l'obtenir immédiatement, où que l'on soit, en un instant, sans risque de rupture de stock, sans délai de livraison ni frais de port. Le livre numérique redéfinit le périmètre du possible littéraire.
En tant qu'auteur, l'e-book représente un processus de publication simple et rapide. Mon livre est disponible à la vente en quelques heures, et je bénéficie d'une part importante de la valeur économique qu'il crée. La bohème a du charme, mais permettre à un auteur de vivre de ses livres, c'est aussi favoriser la production littéraire.
Les éditeurs y voient des coûts de production moindres ainsi qu'une occasion de transformer leur modèle économique en jouant de la complémentarité des supports. Enfin, les distributeurs, dernier maillon de la chaîne de valeur livresque, ne peuvent que bénéficier des avantages logistiques que l'introduction des e-books représente : moins de stock, une gestion des ventes et des livraisons plus efficace… Tout le monde gagne à cette diversification des modèles.
Il est donc important que les lecteurs ne soient pas pénalisés s'ils choisissent un canal plutôt qu'un autre. En France, nous avons la chance de bénéficier d'un taux de TVAsemblable pour les livres numériques et papier, contrairement à d'autres pays d'Europe. Il doit le rester.
Chris Costantini
Chris Costantini est écrivain, jazzman et chef d'entreprise.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire