A lire sur: http://www.atelier.net/trends/articles/hopitaux-passe-de-devenir-agregateurs-objets-connectes_425304
Que ce soit dans l'environnement
quotidien des patients ou directement sur et dans leur corps, les objets
connectés devraient être de plus en plus présents. Praticiens et
hôpitaux seront-ils les premiers fournisseurs de ces outils de mesure?
Interview de Yuri Van Geest, co-fondateur de Quantified Self Europe et ambassadeur pour les Pays-Bas de la Singularity University. Rencontre en amont de son intervention "Sensors & Tracking: Quantifying the Self & Listening to Your Body" pour l’événement Health 2.0 Europe, qui se tiendra à Londres du 17 au 19 novembre.
On voit apparaître de plus en plus d’objets connectés dans le domaine du fitness ou du bien-être. Quelle est, selon vous, la suite logique pour ce marché ?
Ceux-ci vont être de plus en plus intégrés. On va voir émerger beaucoup
plus d’objets connectés présents directement dans le corps des
individus, et ce, dans un but de prévention des maladies. Par exemple,
pour anticiper les crises cardiaques. Apparaîtront également des mesures
plus poussées sur mobile, aussi bien pour le bien-être que pour la
santé. Notamment, il sera tout aussi bien possible d’analyser son
environnement, son alimentation, les vitamines ou les toxines présentes
dans la nourriture, que ce qu’il y a directement à l’intérieur du corps,
comme l’ADN, le glucose, les bactéries présentes dans la bouche, le
nez, la peau…
Le secteur de la santé (les hôpitaux, l’industrie pharmaceutique, les assurances…) saura-t-il tirer parti de ce marché ?
Cela me semble compliqué car ce marché est particulièrement
compétitif. Mais plutôt que concurrent, j’ai l’impression que le rôle du
secteur médical dans les années à venir sera complémentaire. Mais pour
cela, les acteurs devront réinventer leur business model. C’est, par
ailleurs, une nécessité pour les hôpitaux, du point de vue de la
médecine préventive, qui pourront permettre une centralisation de ces
technologies. Mais encore faut-il que l’on permette aux hôpitaux de se
positionner ainsi. Et cela devra nécessairement passer par les
assurances. Toutefois, le principal obstacle à prendre en compte pour le
secteur sera l’expérience utilisateur. On va devoir fournir de
meilleures données, plus précises. Un changement est également vital du
point de vue légal, et plus particulièrement dans le domaine de la
sécurité. Par exemple, il est important que l’on bannisse préalablement
les discriminations en fonction de données personnelles par les
compagnies d’assurance. Mais pour dépasser ces obstacles, l’important
n’est pas tant de changer de business model mais de passer à un
“research model”.
Vous parlez de changement de business model: quelles tendances devraient en émerger ?
De plus en plus de systèmes de locations et d’abonnements vont se
développer, ce qui serait plus logique et représenterait un meilleur
investissement. Les médecins les fourniront à leurs patients et ceux-ci
paieront pour le service. Potentiellement, cela devrait permettre de
baisser les coûts des systèmes de santé car chacun aura à y gagner. Je
pense qu’également, on devrait voir beaucoup plus de partenariats entre
acteurs publics et acteurs privés. C’est le seul moyen pour que cela
fonctionne. Cela sera lent mais les différents acteurs du secteur de la
santé ne pourront ignorer longtemps l’explosion des objets connectés.
Nécessairement, ils les adopteront. Enfin, les entreprises auront à
passer d’un égo-système à un véritable éco-système et rendre les données
des patients plus transparentes, plus “open”.
Quelles seront les organisations qui pourront en tirer le plus parti ?
Les hôpitaux sont celles qui ont le plus besoin de telles
technologies. Ils sont encore trop grands, trop encombrés. A mon sens,
de nouvelles formes d'établissements hospitaliers basés presque
uniquement sur ces technologies émergeront. En revanche, il faudra pour
cela briser les traditions et mettre en place un profond changement
organisationnel. Mais je suis certain que cela entraînera de grands
profits car la prévention de la maladie fera partie intégrante de ces
organisations, avec l’aide des assurances. Toutefois, à nouveau, ce
tournant prendra du temps. Peut-être même 20 ans! Un peu comme
l’évolution d’internet.
Mais cela entraînera plus de prévention, de participation, d’égalité
et de personnalisation, et donc plus d’efficacité et un rapport entre
les professions et les patients plus humain. Il y a encore beaucoup de
place pour des améliorations. Les techniques sont encore trop
génériques, trop dépassées. Les données pourraient endiguer les effets
secondaires et trop d’erreurs médicales.
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