mardi 25 mars 2014

Objets connectés : la hype oui, mais le marché ?

A lire sur: http://www.zdnet.fr/actualites/objets-connectes-la-hype-oui-mais-le-marche-39798575.htm

Business : Alors que bruissent les allées des salons mondiaux à la recherche des "révolutions" attendues chez les grands fabricants, la scène française se positionne sur le sujet.


 
En 2020, on pourrait compter dans le monde jusqu'à 80 milliards d'objets connectés, selon l'Idate. Montres - celle d'Apple est attendue, Samsung et d'autres ont déjà tiré - mais aussi bracelets, lunettes voire lentilles, réfrigérateurs, climatiseurs, voitures... Le marché est énorme, mais force est de constater que de l'extérieur, le jeu semble fait.
Si l'on parle objets connectés, on pense à l'iWatch. Aux Google Glass. A la Galaxy Gear. Des produits venant de grands fabricants, qui semblent nous enfermer dans un modèle d'innovation verticale. Tout vient du haut, les usages et le marché trancheront.
Marché d'avenir
Cela n'empêche pas une frange de plus en plus importante de startups, ingénieurs, informaticiens, de réfléchir au niveau local à des niches. Des concepts. Des usages pour les objets lancés - les Google Glass font un carton chez certains développeurs - ou de nouvelles formes de développement autour de systèmes ouverts.
Intéressant constat ce matin au Numa, à Paris, où la Novosphère rennaise s'était déplacée pour une conférence sur le sujets : on a parlé Arduino. Raspberry Pi. Machine à vapeur : "L'un des premiers objets connectés emblématiques c'est la machine à vapeur, explique le sociologue Eric Guichard. (...) C'est grâce au développement de l'électricité et des signaux lumineux que la circulation ferroviaire a pu se développer."
Les objets connectés seraient, outre un marché promis à la lucrativité, une façon de penser différente. Pour Nicolas Huchet, participant à un projet d'impression 3D d'une prothèse d'avant-bras, "il y a toujours les gros leaders mondiaux, mais il y a un peu une alternative : le citoyen est acteur, il n'est plus cantonné à regarder ce qui se passe, mais a cette possibilité".
Des discours sur le DIY ('do it yourself') et la bidouille qui fleurent bon l'épopée des premiers électrotechniciens amateurs, aux systèmes faits de cartes en kit à assembler. Et à coder. Ce retour du citoyen comme acteur serait possible, dans les objets connectés, grâce au développement de standards ouverts, et d'une économie de la quasi-gratuité.
Ce qui risque, au final, de ne profiter qu'à une "aristocratie pour laquelle tout est gratuit" (Eric Guichard), et qui a les compétences nécessaires. Pour les autres, il y a les iObjetsConnectés et autres appareils verrouillés ?
Ouverture et propriétarisation 
Pas sûr, car pour Baptiste Gaultier, ingénieur chez Télécom Bretagne et apparemment fan d'Arduino, "ce qui a changé, c'est qu'on a donné la recette complète. Il y a des protocoles informatiques de type IP, qui est un standard ouvert mondial et permet de faire communiquer des objets connectés".
Ce qui ne règle pas le problème d'utilisation à distance de fonctions évoluées d'un smartphone sous iOS, par exemple, mais est déjà une aide en soi. Pour Eric Guichard, "les logiques de propriétarisation se décalent dans le temps, avec des systèmes et des industries qui essaient de propriétariser au maximum, mais il reste de la place pour ceux qui veulent apprendre, savoir". Et la quasi-gratuité les y aiderait fortement ces temps-ci.
Pour autant, il ne s'agirait pas de sortir les industriels de grosse envergure du jeu, en mettant le futur des objets connectés dans les mains de 'makers' abonnés aux dimanches dans les fablabs. Guillaume Campion, qui travaille pour l'éditeur AMA et chausse des Google Glass, le résume bien :
"Il y a clairement une question de hype, je suis bien placé pour le savoir. Mais aujourd'hui c'est aussi une pression, il y a de gros enjeux financiers. Quand on voit la chaîne de valeur, il y a les constructeurs, qui subissent une grosse concurrence sur les smartphones, et les fondeurs, dont la mission est de placer du silicium partout."
Il note donc une réelle appétence du public, mais aussi "une poussée faite par le monde du business, avec les fondeurs". Les Intel, Qualcomm et compagnie ont accumulé un "trésor de guerre". Le premier, notamment, a raté le virage du mobile, et semble décidé à ne pas laisser ses concurrents croquer seuls le marché des objets connectés. D'autant qu'il a la puissance financière pour jouer sa partition.
Santé, jeu vidéo, maintenance, domotique, applications métiers diverses et variées... Les débouchés doivent faire baver d'envie plus d'un 'CEO' de startup - PDG, pour les non-hypophones... Et un bon nombres de spécialistes de la donnée.
Données, données, données... Must be funny 
Car ces balances, montres, voitures, lunettes, bracelets, bigoudis et autres brosses à dents sont de grands bavards. Les données générées, stockées, minées et utilisées posent de nombreux problèmes. Le principal reste celui, juridique mais aussi social et philosophique, de la donnée. Le débat au Numa n'a d'ailleurs pas eu besoin d'un trop gros coup de pouce pour dériver sur ce sujet.
Charge en règle du monsieur aux Google Glass, Guillaume Campion : "On se retrouve dans des situations ubuesques, avec des soucis, des limites de partout, notamment juridiques, des barrières à l'entrée, des problèmes d'homologations très lourdes."
Il prend l'exemple des Google Glass, "un des meilleurs systèmes de navigation car il n'y a qu'à lever les yeux pour voir, donc on a un temps de réponse plus rapide qu'avec un tableau de bord", et qui correspond à une situation de consultation "tête haute" intégrée depuis longtemps "pour les pilotes d'avion de chasse" mais "bientôt interdite pour les automobilistes".
Et de dénoncer le "gros poids législatif", qui empêcherait l'innovation en imposant trop de normes. Idem pour l'exploitation des données, jure-t-il. Le problème est un peu simplifié, temps limité de conférence oblige. A chacun de prendre ses responsabilités, juge l'amateur de Google Glass.
Ce qu'on pourrait contrebalancer par l'asymétrie d'information. Chacun a facilement la possibilité de "prendre ses responsabilités" s'il est clairement informé, et maîtrise les données qui circulent. Ce que l'on ne voit pas dans le cadres des services centralisés que constituent les géants du numérique aujourd'hui.
Une situation qui invite les utilisateurs à "reprendre le contrôle de la donnée", estime Baptiste Gaultier, apparemment aussi très porté sur l'open data. Les expériences publiques sont de fait très intéressantes. Il cite Rennes Métropole, mais on peut renvoyer sur le portail national.
Cela dit, cela ne règle pas le problème des entreprises commerciales et de la maximisation croissante de l'exploitation de "closed data". Ce qui, peut-être, nécessite des normes ?

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