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Le professeur Isao Echizen essaie la paire de lunettes équipée de Led à infrarouge proche. En haut, le système est désactivé et la reconnaissance faciale cadre le visage du chercheur. En bas, les Led sont allumées et provoquent un bruit lumineux qui bloque le système de détection. Cette lumière n’est pas visible par l’œil humain, mais elle est captée par certains appareils photo. © National Institute of Informatics, université Kogakuin
Au Japon, deux
chercheurs ont conçu un prototype de lunettes équipées d’un système
d’éclairage Led dans l’infrarouge proche capable de bloquer les
appareils photo ainsi que les applications de reconnaissance faciale.
Une contre-mesure destinée à préserver la confidentialité des usagers,
alors que les systèmes d’identification progressent et que le partage
des photos via les réseaux sociaux explose. Isao Echizen, l’un des
scientifiques à l’origine de cette innovation, a donné des explications à
Futura-Sciences.
Le 11/07/2013 à 10:36
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Le prototype de lunettes conçu par les
chercheurs japonais Isao Echizen et Seiichi Gohshi se compose de 11 Led à
infrarouge proche réparties autour des yeux et du nez, les zones sur
lesquelles les systèmes de reconnaissance faciale s’appuient pour
travailler. Les lunettes sont alimentées par une batterie de 2.000 mAh. ©
National Institute of Informatics, université Kogakuin
Avec l’explosion du marché des smartphones
dotés d’appareils photo toujours plus performants et la puissance des
réseaux sociaux, préserver son droit à l’image devient de plus en plus
complexe. Les Google
Glass ou la technologie de reconnaissance des visages introduite
par Facebook, pour ne citer que ces deux exemples récents, suscitent
déjà beaucoup de débats et d’inquiétudes. Le mois dernier, les autorités
internationales de protection de la vie privée ont adressé à Larry
Page, le cofondateur de Google, une lettre lui demandant de préciser
l’usage qui sera fait des données récoltées par les Google Glass.
Au Japon, le professeur Isao Echizen du National Institute of Informatics et
son homologue de l’université Kogakuin, le professeur Seiichi Gohshi,
se sont penchés sur ce problème pour apporter une solution technique des
plus originales. Il s’agit d’une paire de lunettes équipée
d’un système d’éclairage qui masque le visage d’une personne que l’on
chercherait à prendre en photo ou à identifier avec une technologie de reconnaissance faciale. « En
raison de la popularité croissante des terminaux portables équipés d’un
appareil photo et du développement des réseaux sociaux dans les
technologies de recherche d’images, des informations sur la date et le
lieu où se trouvaient des sujets photographiés sont facilement diffusées
sans leur permission », explique le professeur Echizen. Après avoir exposé son concept de lunettes dans un article scientifique publié en décembre, il vient de dévoiler un prototype fonctionnel.
Le professeur Isao Echizen essaie la paire de lunettes équipée de Led à infrarouge proche. En haut, le système est désactivé et la reconnaissance faciale cadre le visage du chercheur. En bas, les Led sont allumées et provoquent un bruit lumineux qui bloque le système de détection. Cette lumière n’est pas visible par l’œil humain, mais elle est captée par certains appareils photo. © National Institute of Informatics, université Kogakuin
Lunettes à 11 Led pour préserver la vie privée
Le dispositif se présente sous la forme de lunettes de sécurité à verres transparents, sur lesquels sont disposées 11 Led à infrarouge proche, alimentées par une batterie portable de 2.000 mAh. Huit Led sont disposées au-dessus des sourcils, et trois autour du nez. Ces zones spécifiques correspondent à celles qu’utilise la méthode de détection des visages dite de Viola et Jones, qui est l’une des plus répandues. « La lumière
émise par ces Led infrarouges proches n’est pas visible par l’œil
humain, mais elle se met à briller lorsqu’elle captée par un appareil
photo ». Les Led créent un bruit lumineux qui empêche l’algorithme de fonctionner normalement. « Le détecteur peut gérer un angle de rotation de plus ou moins 20° », précise Isao Echizen, pour qui « l’invasion de la vie privée via la capture non intentionnelle d’images faciales est devenue un problème social ».
Toutefois, dans leur forme actuelle, les lunettes ne
sont pas du tout ergonomiques et utilisables au quotidien. De plus,
certains appareils photo
ne sont pas sensibles aux rayons infrarouges proches, ce qui rend le
système inopérant. C’est pourquoi les deux chercheurs japonais explorent
une autre solution technique, qui consiste en un filtre optique qui
vient se fixer sur la monture des lunettes et fonctionne sans
alimentation électrique. Il est fait de deux matériaux, l’un repoussant
la lumière, l’autre l’absorbant, répartis sur les zones autour des yeux
et du nez. Une technique à la fois plus simple et moins coûteuse, qui
serait aussi plus acceptable pour les usagers. Isao Echizen confirme
qu’il pense commercialiser cette innovation, et qu’il a déjà reçu des
propositions de plusieurs entreprises. Il ne s’est cependant pas avancé à
communiquer une date de sortie ni un prix.