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Les téléphones portables sont-ils nocifs pour la santé et favorisent-ils le développement du cancer ? Pour l'heure, les éléments scientifiques n'étant probants ni dans un sens ni dans un autre, le Circ a choisi de les classer parmi les cancérigènes potentiels. © Samantha Celera, Flickr, cc by nd 2.0
Les téléphones
portables engendrent-ils des cancers du cerveau ? La question demeure,
et les ondes électromagnétiques nécessaires aux communications sont
rangées dans la catégorie des cancérogènes possibles par les instances
de santé. Isabelle Deltour revient sur les études épidémiologiques
menées ou en cours lors du congrès Eurocancer, afin de faire un état des
lieux des connaissances.
Le 30/06/2013 à 15:34
- Par
Le lien entre téléphone portable et cancer
n'a pas encore été établi par les études scientifiques menées jusque-là.
Absence d'effet ou manque de recul ? La question finira bien par être
tranchée. © Watz, Flickr, cc by nc sa 2.0
Depuis quelques années, les téléphones portables sont
entrés de plain-pied dans nos vies. Mais cette introduction à une
vitesse importante n'a pas permis aux scientifiques de prendre le recul
suffisant pour constater les éventuels dangers sur notre santé.
Or, certains suspectent les ondes électromagnétiques reçues durant une
communication d'être néfastes, et potentiellement à l'origine de cancers. Ceux-ci se concentreraient plutôt au niveau de la tête, et donc du cerveau,
car c'est l'organe qui reçoit les doses les plus fortes durant les
communications. Celles-ci décroissent très vite avec la distance.
Différentes études de grande ampleur ont été menées.
Isabelle Deltour, chercheuse au Centre international de recherche sur
le cancer (Circ), basé à Lyon, est revenue sur leurs conclusions lors du congrès Eurocancer.
Le Circ, agence de l'OMS
spécialisée dans le cancer, range les différents agents chimiques,
biologiques ou physiques dans différentes catégories, allant de 1 à 4,
afin de les classer selon les preuves de leur cancérogénicité (la
catégorie 1 caractérisant ceux dont l'aspect cancérigène est avéré,
comme l'amiante).
Les téléphones portables, cancérigènes possibles...
Une première méta-analyse a été menée à partir des données récoltées jusqu'en 2011. Parmi elles, la fameuse étude Interphone, qui mesurait l'impact de l'utilisation du téléphone mobile sur les gliomes et les neurinomes acoustiques, deux formes de tumeur au cerveau.
Les téléphones portables sont-ils nocifs pour la santé et favorisent-ils le développement du cancer ? Pour l'heure, les éléments scientifiques n'étant probants ni dans un sens ni dans un autre, le Circ a choisi de les classer parmi les cancérigènes potentiels. © Samantha Celera, Flickr, cc by nd 2.0
Malheureusement, malgré la bonne volonté des
chercheurs, de nombreux biais expérimentaux ont été constatés. Lorsqu'il
était demandé aux volontaires de mentionner leur utilisation réelle de
leur cellulaire, l'analyse auprès des opérateurs téléphoniques révèle
que les participants sous-estimaient jusqu'à 8 fois le temps réellement
écoulé, ou au contraire pouvaient le surestimaient 17 fois.
L'étude concluait néanmoins qu'il n'y avait aucun
risque constaté pour la majorité des utilisateurs. En revanche, pour les
10 % les plus bavards, les risques de gliomes sont augmentés de 40 %,
et ils sont même multipliés par 2,79 pour les neurinomes. Devant cette
incertitude, le Circ a donc décidé de ranger les ondes
électromagnétiques dans la catégorie 2b, et donc considérées potentiellement cancérigènes.
... mais les éléments scientifiques sont plutôt rassurants
Depuis cette étude de référence, cinq nouvelles
recherches ont été menées, surtout dans les pays scandinaves. Parmi
elles, une étude d'incidence. Dans ces pays, il existe un registre des cancers
qui répertorie tous les cas constatés, et ces recherches se focalisent
sur ces données. Ainsi, avec la banalisation des portables ces 15
dernières années, si les cancers au cerveau s'étaient généralisés, on le constaterait indubitablement dans ces registres.
Or, l'étude ne démontre aucune augmentation des cas
annoncés de cancer au cerveau à l'échelle des populations du Danemark,
de la Finlande, de la Norvège et de la Suède, et jusqu'en 2008. Cela
sous-entend que le téléphone mobile n'est pas, d'un point de vue global,
responsable de cas de cancers du cerveau. Les quatre autres études aboutissent à des conclusions similaires. Autrement dit, au regard des données scientifiques actuelles, rien ne prouverait que les portables sont mauvais pour le cerveau, selon Isabelle Deltour.
Mais les investigations se poursuivent. La cohorte Cosmos comprend
300.000 personnes suivies régulièrement. Plus moderne, celle-ci essaie
de prendre en compte les nouvelles technologies qui permettent d'être
connecté 24 heures sur 24. En outre, elle ne s'intéresse plus seulement à
la position du téléphone durant les communications, mais également à
l’endroit où il est porté le reste du temps. Le doute subsiste,
l'enquête persiste...
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Parce que le monde de la recherche est parfois un
peu obscur, Futura-Sciences veut être l’un des relais entre l’univers
des spécialistes et le grand public. C’est à ce titre que nous nous
sommes rendus au congrès Eurocancer, les 25 et 26 juin au Palais des
congrès de Paris, le plus grand congrès francophone sur le cancer. Et
nous ne sommes pas revenus les mains vides…