jeudi 4 juillet 2013

Le contrat de filière numérique est-il assez ambitieux ?

A lire sur:  http://www.usine-digitale.fr/article/le-contrat-de-filiere-numerique-est-il-assez-ambitieux.N200758#xtor=EPR-251

Par -

Le contrat de filière numérique est-il assez ambitieux ? © Luc Perenom - L'Usine Nouvelle
En cherchant à impliquer l’État dans le soutien de la filière à moindre coût, le contrat signé avec le comité stratégique de filière numérique, le 3 juillet chez Alcatel, passe à côté de certains grands enjeux.
Jusqu’à la dernière minute, le contrat de filière numérique aura fait l’objet de tractations entre le comité stratégique et les cabinets d’Arnaud Montebourg et Fleur Pellerin. Preuve que le sujet est sensible. Et qu’il fallait jouer serré. "Car ces contrats sont désormais établis sur la base du donnant donnant", rappelle Guy Roussel, vice-président du comité stratégie de filière numérique (ex comité de filière STIC). Les acteurs de la filière s’engagent à des actions, voire sur des résultats. L’État, s’engage à l’y aider. Or l’État n’a pas d’argent, et, en matière numérique, s’est déjà engagé à débloquer (principalement sous la forme de prêts à long terme) 20 milliards d’euros pour le déploiement du très haut débit dans les territoires. Il faut donc utiliser les autres leviers d’actions de l’État, comme la régulation ou… la commande publique.
C’est ce que tente d’établir ce contrat de filière, que nous avons pu consulter. Mais en y regardant de plus prêt, il n’oblige l’État à pas grand-chose. Côté emploi par exemple. La filière s’engage à "définir une stratégie de filière concernant l’emploi, les compétences et les métiers", mais aurait besoin des indicateurs chiffrés de l’observatoire du numérique. Or le dit observatoire n’a toujours aucun moyen de fonctionner. "On aurait besoin aujourd’hui que l’État nous précise ce qu’il attende de cet outil, qui a été conçu pour lui", explique Guy Roussel. Et surtout qu’il le finance. Or dans le contrat, a priori rien n’est prévu. Tout juste que l’État "soutiendra la mise en place du tableau de bord" pour l’emploi. En revanche, pour la promotion des contrats en alternance (pour laquelle la filière s’engage à 40 000 contrats en 3 ans), l’État devrait être plus actif et encadrer la promotion du dispositif auprès des entrepises via une manifestation, un portail, voire des Etats Généraux.
Deuxième contrat de filière début 2014
Mais pour développer la RSE (responsabilité sociale et environnementale) dans la filière, ou les relations inter-entreprises, l’État soutient, sans plus. L’environnement pourrait pourtant être un argument fort de solidarité dans la filière, voir de préférence nationale. Il n’y a que pour le volet "développement de l’activité à l’export des entreprises françaises du numérique pour créer de l’emploi en France", que l’État promet déployer une batterie d’outils, surement rodés pour d’autres filières.
Pour vraiment soutenir la filière, le comité mise en fait sur une technologie, le sans contact mobile (NFC) et sur la création d’une filière "villes et territoires numériques" (smart cities). Et là, c’est le levier commande d’état ou des collectivités qu’il faut activer pour changer d’échelle. Pour le premier, l’État serait semble prêt à  s’engager à accélérer le passage à une masse critique "pour ce qui concerne le service public", mais aussi d’inclure le modèles "Sim-based " dans les appels d’offres locaux et nationaux, et de le soutenir au niveau européen. A la clé, 2 000 emplois, si l’État tient ses promesses.
En revanche pour la nouvelle filière, l’État devrait se contenter de mettre en place un groupe de travail. Pas très engageant ! Et rien sur l’internet des objets ou l’e-santé, pourtant principales recommandations du rapport "Internet : prospective 2030", publié par le nouveau Commissariat général à la stratégie et à la prospective. Manque d’ambition, ou pragmatisme ?
Renseignement pris, lors de la signature : un deuxième contrat de filière, sur les usages cette fois, devrait être signé début 2014. C’est vrai qu’il n’y a pas urgence !
Aurélie Barbaux avec Emmanuelle Delsol

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire