A lire sur: http://www.lesechos.fr/opinions/points_vue/0202887414380-le-choc-de-complexification-c-est-maintenant-585088.php?xtor=EPR-1500-[idees_debats]-20130711-[s=461370_n=9_c=907_]-1277694[_SDV]@1
Le « contrat de génération », qui vient grossir la pile déjà élevée des contraintes pesant sur les moyennes ou grandes entreprises, n'est qu'un énième replâtrage médiatique « pour l'emploi ». Il montre surtout combien nos gouvernants sont éloignés des réalités économiques.
François Hollande a lancé « le choc de
simplification » pour alléger les procédures administratives, diminuer
les normes et raccourcir les délais des démarches pour les collectivités
locales et les entreprises. Je me souviens qu'il y a dix ans déjà,
Jacques Chirac parlait des mêmes simplifications que j'attends toujours…
Sur la pile de mes démarches à faire :
le « contrat de génération » à mettre en oeuvre avant le 30 septembre.
Etant à la tête d'une entreprise de 360 salariés, je sais déjà que si je
ne dépose pas d'accord collectif ou de plan d'action de génération à
temps je serai passible d'une pénalité.
Mais
comme je suis présumé être un chef d'entreprise plein de vilains
préjugés, la loi m'oblige à prendre enfin des engagements
« d'intégration durable des jeunes » et de « recrutement et de maintien
en emploi des seniors, de transmission des savoirs et des compétences ».
Je dois me « concentrer sur des actions de prévention du
vieillissement ». Diable ! Comme vais-je faire pour prévenir le
vieillissement ?
S'agissant des
engagements en faveur de « l'insertion durable des jeunes », je dois
avoir des objectifs chiffrés en matière de recrutements de jeunes en CDI
avec la mise en place d'un « parcours d'accueil » (?), la désignation
d'un « référent » (?), puis il faut « mettre en oeuvre un entretien de
suivi entre le jeune, son responsable hiérarchique et son référent ». Et
il y a bien sûr le passage obligé de « l'égalité professionnelle entre
les femmes et les hommes ».
Cette mesure
portant le nom étonnant de « contrat » est pour moi un beau casse-tête.
Sur 360 salariés, je n'ai que 2 salariés de plus de 60 ans ! J'ai
embauché en dix-huit mois environ 30 salariés dont 80 % de « jeunes »
très qualifiés et ayant entre 0 et 4 ans d'expérience professionnelle !
Et n'étant pas complètement abruti, j'encadre mes jeunes (et moins
jeunes) salariés par des responsables d'équipe sans avoir besoin de
nommer des « référents » ou de faire un « parcours d'accueil ». Enfin,
je ne regarde pas le sexe des personnes pour faire de la mixité à tout
prix !
On peut facilement constater, à
la lecture de cet ensemble de bons sentiments mêlés d'idéologie
égalitariste et sexiste, combien nos gouvernants sont éloignés des
réalités économiques.
La publicité
gouvernementale des premiers accords signés porte sur des activités
matures comme la petite industrie agroalimentaire. Le président de la
République n'a-t-il pas visité l'entreprise Amiotte Saucisse dans le
Doubs pour y signer « le contrat » qui organise l'emploi d'un jeune ?
On
peut voir dans cette loi une conception romantique (pour ne pas dire
archaïque) du travail où le savoir-faire, l'artisanat de qualité se
transmettent dans un cadre idyllique où les « anciens » forment « les
jeunes » aux gestes ancestraux du « métier ». On trouve dans le meilleur
des cas du secteur du bâtiment typique où le savoir-faire se fait
effectivement sur le tas. Mais dans le pire des cas, cette
pseudo-formation se fait sur des postes ne nécessitant aucune
qualification (manutention, conditionnement…). Les premiers exemples
illustrent hélas ce triste constat de l'inefficacité économique.
On
est loin des préoccupations des ETI (entreprises de taille
intermédiaire) en forte croissance ou simplement matures qui embauchent
plus de bac+5 hautement qualifiés que de « jeunes en formation ». Il est
illusoire de penser que les formations traditionnelles « sur le tas »
suffiront à former les techniciens et ingénieurs hautement qualifiés
dont on a tant besoin dans l'industrie ou les services à forte valeur ajoutée.
Il
est regrettable que les chefs d'entreprise soient encore les boucs
émissaires d'un gouvernement qui a une vision théorique de l'entreprise.
Ce « contrat de génération » n'est qu'un énième replâtrage médiatique
« pour l'emploi ». Il vient se rajouter sur la pile déjà élevée des
contraintes qui pèsent sur les moyennes ou grandes entreprises. Nos
compétiteurs étrangers ne perdent pas leur énergie dans des projets
d'entreprise modelés par des considérations idéologiques.
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