A lire sur: http://www.futura-sciences.com/magazines/environnement/infos/actu/d/developpement-durable-greentech-oyster-electricite-verte-vient-vagues-47663/#xtor=EPR-17-[QUOTIDIENNE]-20130711-[ACTU-Greentech-:-Oyster--l--electricite-verte-qui-vient-des-vagues]
La houle engendrée par les vents véhicule de grandes quantités d’énergie. Grâce à son système Oyster, la société Aquamarine Power a trouvé un moyen pour la convertir partiellement en électricité. © Aquamarine Power
Puisqu'il dépasse à peine de l'eau, le système houlomoteur Oyster 800 a peu d'impact visuel sur les paysages. © aquamarinepowerltd, Flickr, DR
Les vents font
tourner les éoliennes, mais ils donnent aussi naissance à la houle, en
lui transmettant de l’énergie. Le projet Oyster d’Aquamarine Power
veut l’exploiter pour produire une électricité verte. Le système immergé
a l’avantage d’être uniquement mécanique, l’électronique et la centrale
hydroélectrique se trouvant sur la terre ferme. Quelques explications
s’imposent.
Le 10/07/2013 à 15:40
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La houle engendrée par les vents véhicule de grandes quantités d’énergie. Grâce à son système Oyster, la société Aquamarine Power a trouvé un moyen pour la convertir partiellement en électricité. © Aquamarine Power
Ces dernières années, plusieurs technologies ont vu le jour pour produire de l’électricité à partir de ressources naturelles et renouvelables. Ainsi, les panneaux solaires, et leurs cellules photovoltaïques, tirent profit du rayonnement solaire pour produire un courant, tandis que les éoliennes,
qu’elles soient terrestres ou marines, exploitent les vents dans le
même but. Ces deux alternatives sont régulièrement évoquées, car en
vogue pour le moment, mais il en existe d’autres…
Sous certaines conditions, les vents du large transmettent une bonne partie de leur énergie aux masses d’eau, ce qui génère des mouvements oscillatoires à leur surface : en d’autres termes, la houle.
Ce phénomène ondulatoire est intéressant, car il peut se propager sur
de longues distances avec peu de pertes d’énergie, jusqu’à arriver sur
des côtes où il pourrait être exploité. Selon l’Agence internationale de
l'énergie (AIE), le potentiel énergétique mondial de cette ressource
serait estimé entre 8.000 et 80.000 TWh/an, soit 5 fois la demande énergétique mondiale dans le meilleur des cas.
En France, la puissance moyenne transmise par les vagues sur la façade atlantique serait d’environ 45 kW par mètre de ligne de côte. Après quelques calculs, et selon un document de l’Ifremer, l’énergie houlomotrice
disponible en Métropole s’élèverait à 417 TWh/an, une valeur proche de
ce que notre pays a consommé en 2000 (450 TWh). Pour exploiter ce
potentiel, l’une des solutions adaptées pourrait bientôt nous être
livrée par nos voisins britanniques.
Puisqu'il dépasse à peine de l'eau, le système houlomoteur Oyster 800 a peu d'impact visuel sur les paysages. © aquamarinepowerltd, Flickr, DR
Une solution pour exploiter l’énergie des vagues : Oyster
Développé par Aquamarine Power,
le dispositif en question se nomme Oyster, le modèle dernier né ayant
reçu le numéro 800. Concrètement, une installation se divise en deux
parties distinctes. La première est terrestre, tandis que la seconde est
immergée par 10 à 15 m de fond, environ 500 m au large des côtes. Cette
localisation est importante, car elle permet une récolte efficace de
l’énergie, tout en limitant une exposition trop importante du dispositif
aux grandes tempêtes, celles-ci ayant tendance à survenir plus fortement au large.
Sous l’eau, l’Oyster se compose d’un volet mobile
relié à une base fixe par des pivots. De par sa nature flottante,
l’appendice se tient à la verticale, avec son extrémité qui dépasse
légèrement de la surface. Il est emporté par les vagues, et se déplace
donc d’avant en arrière, tout en actionnant passivement deux pistons.
Leur rôle : comprimer de l’eau douce présente dans un circuit fermé. Elle est alors envoyée sur la terre ferme par des conduites, où elle alimente une centrale hydroélectrique, avant de revenir vers le volet mobile.
La clé technologique : que de la mécanique sous l’eau
Ainsi, le courant électrique
n’est pas produit sous l’eau maissur la terre ferme. D’ailleurs,
l’installation immergée ne contient pas d’électronique, de système de
contrôle, d’embrayage ni quoi que ce soit d’autre sensible à l’eau ou
tout simplement fragile. Autre avantage du système : si la mer devient
vraiment trop grosse, le volet s’immerge spontanément durant le passage des vagues, étant donné qu’il est fixé sur le fond.
Un modèle testé au large des îles Orcades (Écosse) a
ainsi très bien fonctionné durant plusieurs mois sous des vagues d’une
hauteur moyenne de 5,3 m, et résisté à des vagues de 9 m. L’idée d’utiliser une centrale hydroélectrique terrestre
est intéressante aussi parce que cette technologie est maîtrisée depuis
de nombreuses années et qu’une telle installation est facile à
entretenir.
Parlons chiffres. D’une largeur de 26 m, l’Oyster 800 testé depuis le 14 février avait produit 10 MWh en 144 h de fonctionnement lorsqu’il est entré en maintenance,
voilà quelques jours. Le 19 avril, il a produit 1 MWh en seulement 5 h.
Détail encourageant : seul un cylindre a été utilisé. Certes, cette
situation riche en enseignements est involontaire, puisqu’elle est liée à
des problèmes techniques rencontrés sur les quatre valves anti-retours
associées au deuxième cylindre de compression...
Un projet bon pour l’environnement : peu d’impact visuel et de CO2
La technologie étant récente, peu d’informations sont disponibles sur l’impact environnemental du système Oyster. Cependant, nous savons déjà qu’il a un faible impact visuel et qu’il n’émet pas de CO2 lorsqu’il
est en fonctionnement. Par ailleurs, les structures immergées ne se
déplacent pas à de grandes vitesses, elles ne représentent donc pas un danger pour la faune locale.
Face au potentiel disponible, l’exploitation des vagues pour produire de l’électricité
pourrait être promise à un bel avenir, lorsque les technologies
requises seront au point, et prêtes à se développer à un niveau
industriel. En ce sens, le projet porté par Aquamarine Power semble sur
la bonne voie.
À l’avenir, la filière houlomotrice pourrait également devenir un précieux allié pour faciliter l’intégration des énergies renouvelables
dans le mix énergétique. En effet, et contrairement à l’éolien, sa
production est prévisible jusqu’à 5 jours à l’avance grâce à divers
modèles informatiques, ce qui permet de mieux gérer l’injection de son
électricité dans les réseaux. Cet avantage pourrait servir à
compenser la nature fluctuante de la production électrique des éoliennes ou des panneaux solaires.