mardi 14 janvier 2014

Slow innovation : et si Montebourg posait une vraie question ?

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Slow innovation : et si Montebourg posait une vraie question ?© Pascal Guittet - L'Usine Nouvelle


Ralentir l'innovation... Pour avoir osé émettre cette idée, le ministre du Redressement productif a fait le buzz sur la twittosphère. Critiqué pour cette prise de position, les questions que soulèvent le ministre mérite mieux qu'un débat en 140 signes.
 
On connaissait la slow food (par opposition au fast food), on connaissait le slow movement (qui prône de revenir à l'essentiel pour prendre le temps), il faudra peut être maintenant compter avec les partisans de la "slow innovation". Cette expression, on la doit à Arnaud Montebourg, le ministre du Redressement productif. S'exprimant lors de la grand-messe annuelle des start-upers "leweb13", il a en effet soulevé cette question étonnante à première vue (mais pas infondée) de la rapidité de développement des innovations. Son propos était finalement de pointer les conséquences, souvent socialement douloureuses, de l'apparition soudaine et de l'adoption rapide de technologies ou de services en substitution de commerces bien établis. Et face à cela, il disait consister à "ralentir l'innovation". La twittosphère s'est aussitôt saisie des déclarations du ministre pour les fustiger par de rageurs billets de 140 signes. Mais le sujet que soulève Arnaud Montebourg mérite mieux que cela. Le ministre repose finalement des questions essentielles sur l'innovation. Retenons en trois.

1. La question culturelle d'abord. Derrière chaque innovation, il y a toujours un enjeu culturel. Une idée, une invention ou un service ne devient innovant que parce qu'il est perçu comme tel par ses utilisateurs finaux. Autrement dit, nul objet n'est innovant en soi. C'est le contexte dans lequel il émerge qui le rend pertinent et "disruptif".
2. L'autre question que soulève Arnaud Montebourg est celle des bénéfices que porteraient en elle l'innovation. Dans notre société, elle est perçue comme intrinsèquement positive. Et c'est juste. Mais, même si elle apporte un gain énorme sur le service qu'elle rend, les porteurs de projet ne peuvent totalement s'exonérer des conséquences négatives et des risques que recèlent leur innovation. Plus que jamais, les entrepreneurs doivent se poser la question des impacts de leur création, qu'ils soient environnemental, social et sociétal. Les évaluer, les mesurer, les corriger le cas échéant, doivent aussi faire partie de leurs ambitions.
3. Dans la foulée, en cette période de chômage de masse, la question de l'emploi est sans doute LA question centrale que pose le ministre en creux. Et elle est trop souvent mise sous le boisseau par les entrepreneurs, notamment du numérique. La balance emploi détruit/emploi créé est pourtant un vrai sujet dont ce secteur va devoir se saisir pour rendre plus positive la vision que chacun se fait de ce secteur.
Pour toutes ces raisons, et d'autres, faut-il ralentir l'innovation ? Ce serait un vœu pieux. Mais entendons quand même le message du ministre qui prône de lever un peu la tête et de penser un peu plus loin que le bout de son nez, aussi innovant soit-il !


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