mardi 21 janvier 2014

“L’entreprise qui créera l’OS de l’IoT aura un potentiel infiniment plus large que les Androïd et iOS”

A lire sur: http://www.atelier.net/trends/articles/entreprise-creera-os-de-iot-aura-un-potentiel-infiniment-plus-large-android-ios_426471

Par  26 décembre 2013 

connected device
Si l'internet des objets est un sujet porteur, appréhender la notion de Machine-to-Machine s'avère essentiel.
Interview de Frédéric Salles, CEO et fondateur de Matooma, startup spécialisée dans les solutions Machine-to-Machine.
L’Atelier : Y-a-t-il une nuance à faire entre objets connectés, internet des objets, M2M ?
Frédéric Salles : Effectivement, aujourd’hui on emploie les termes “M2M”, “machine to machine”, “internet des objets” ou “objets connectés” de manière aléatoire et ces expressions servent, il faut bien le dire, de mots “fourre-tout”. Nous employons la mention “objets connectés” comme un terme générique. On peut ensuite définir quatre sous-catégories. Les objets connectés en Bluetooth à son téléphone forment un premier ensemble. On trouve ensuite les objets connectés par wifi à l’aide d’une box puis les entités fonctionnant à l’aide de réseaux basse fréquence comme le Bluetooth Low Energy. La dernière méthode de connexion à internet s’effectue par carte SIM. A ce moment là, on entre réellement dans l’internet des objets. Les objets utilisant des cartes SIM utilisent en fait des serveurs applicatifs pour échanger des données en temps réel ou différé : il s’agit du machine-to-machine ou bien M2M.
Comment décrire l’intérêt de faire communiquer des objets?
En préalable, il est nécessaire d’expliquer qu’une carte SIM ne sert pas qu’à l’intérieur d’un téléphone et qu’elle peut être insérée dans un boitier électronique afin d’obtenir des services inédits. Si l’on veut segmenter, on peut tout d’abord citer les services grand public à domicile. Les domaines de la santé ou du maintien à domicile vont beaucoup évoluer par exemple. L’équipement des lieux d’habitation s’est d’ailleurs beaucoup transformé. Auparavant, on trouvait des prises téléphoniques sur lesquelles des services de type alarme pouvaient être installés. Avec l’ADSL, les box ont “remplacé” les prises et servent de passerelle privilégiée vers Internet pour différent types de services qui ne doivent pas contenir de données dites sensibles, comme les données de santé pour des raisons de sécurité. Les cartes SIM sont donc évidemment capables d’équiper des objets communicants mobiles. On peut citer les usages de transmission de données en voiture. Là encore, le réseau mobile présent tant au niveau national qu’international s’avère nécessaire. D’ailleurs, le marché raisonne mondialement plutot que localement.
Et en B2B?
En termes de B2B, beaucoup d’applications ont attrait à la Smart City. Nous expérimentons, à Montpellier notamment, dans le domaine du transport. L’application la plus visible est constituée des bornes de recharge électrique pour les voitures. Le fait que ces bornes communiquent avec des serveurs applicatifs va permettre une plus grande facilité de facturation. Nul besoin de remplir des formulaires à chaque acte ou de payer par carte bancaire. Par la suite, nécessairement et indéniablement, nous rentrerons dans une problématique de Big Data, tout particulièrement avec la Smart City. Nous possédons d’ailleurs déjà l’ensemble des données de communication des objets que l’on équipe sur lesquelles nous allons lancer un programme d’analyse. Par ailleurs, avec les acteurs publics, nous travaillons dans la prévention des inondations en plaçant des capteurs aux abords des villes et des rives afin de détecter des crues.
Avec nos cinq cent clients-entreprises, nous travaillons à chaque fois sur une application différente. Pour donner une application touchant tout un chacun, je citerais le stylo connecté. Celui-ci permet d’enregistrer les informations écrites. Imaginez qu’un individu remplisse un formulaire. Avec un stylo de ce type, l’envoi de données s’effectue directement vers le serveur et ce, sans besoin qu’un autre individu ne saisisse les données.
Comment peut on faire pour éviter que ces objets ne communiquent en silos et, ainsi, en tirer le plus grand bénéfice possible ?
Il s’agit d’un réel enjeu. Il existe en réalité deux problématiques sous-jacentes. La première provient des opérateurs et résulte du fait que chaque système fonctionne différement des autres. La même hétérogénéité se retrouve chez les constructeurs d’objets mais de manière démultipliée puisqu’aucun système d’exploitation standard n’existe. De la même manière que dans le monde de l’ordinateur ou du mobile, il faudrait un ou deux OS standardardisé afin que l’ensemble soit gérable.
On entend souvent parler d’IPV6 et d’HTML5 dans l’univers de l’internet des objets…
L’IPV6 va servir à donner une adresse IP fixe à chaque objet contrairement à aujourd’hui. Cependant, cela fait des années que j’en entends parler et, pour le moment, je n’ai jamais vu d’objet connecté en IPV6. En ce qui concerne l’HTML5, il s’agit d’un standard de transmission, servant à acheminer les données. Si les protocoles sont différents à la base, cela ne change donc rien. Il faut bien penser que nous n’en sommes qu’aux prémisses de l’internet des objets et que, pour le moment, chacun développe dans son coin avant qu’une homogénéisation ne s’effectue.
Comment envisager la sécurité des données personnelles dans ce nouveau paradigme ?
Là encore, on doit distinguer deux niveaux: le serveur et la transmission de données. La sécurisation des serveurs est primordiale puisque ce sont eux qui contiendront l’ensemble des données. Il s’agit d’une démarche que nous avons déjà effectué puisque nous avons adopté le système httpcs. Pour simplifier, celui-ci scanne les serveurs applicatifs et essaie toutes les techniques de piratage connues chaque jour. Il s’agit d’une véritable révolution pour nous. Auparavant nous utilisions des systèmes de sécurité classiques et n’étions vraiment pas sûr de leur efficacité. En ce qui concerne la transmission, distinguons les données non sensibles telles que les alertes d’alarmes qui peuvent passer par l’Internet sans qu’il n’y ait besoin d’une sécurité spéciale, et les données qualifiées de sensibles. Pour celles-là, il est possible de créer des réseaux privés de communication. A partir de la carte SIM, on peut effectivement créer un réseau privé par la téléphonie et ainsi ne pas faire passer les données par Internet. Il s’agit d’une démarche plus couteuse mais bien plus sure car les données passent alors par le coeur de réseau de l’opérateur, allant directement d’un point A à un point final B.
Dans un horizon proche, comment envisager vous le paysage de l’internet 3.0 ?
Les cartes vont être redistribuées. L’entreprise qui créera un OS Standardisé pour les boitiers electroniques bénéficiera d’un potentiel de déploiement infiniment plus large que les Androïd ou iOS d’aujourd’hui. En effet, selon l’Idate, plus de 80 milliards d’objets connectées seront en circulation d’ici à 2020. La question de l’homogénéisation est d’ailleurs pour nous particulièrement importante. Je ne sais pas si nous créerons cet OS pour les objets connectés, mais nous avons déjà inventé le système permettant une gestion indifférenciée des cartes SIM, quelque soit l’opérateur les faisant fonctionner donc. Cela rend les activités de connexion bien plus simples pour un client qui n’a pas à se soucier de son opérateur pour travailler avec notre base.
 

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