jeudi 3 avril 2014

"Savoir mobiliser les équipes autour d’une idée, un facteur clé de succès", selon Domenico Azzarello

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Domenico Azzarello

Et le gagnant du Trophée de la décennie remis par Croissance Plus et Bain & Company est.. Léosphère. A cette occasion, le cabinet de conseil a réalisé une étude auprès des finalistes des éditions précédentes pour comprendre ce qui fait le succès de l’aventure entrepreneuriale. Domenico Azzarello, directeur général du bureau français de Bain & Company, commente les résultats de cette enquête. La première qualité pour réussir est de savoir bien s’entourer.   
L’usine Nouvelle - Depuis 1995, vous remettez le trophée à des entreprises qui ont réussi. Au-delà des profils très différents des lauréats, peut-on distinguer des traits distinctifs communs à toutes ces entreprises ?
Domenico Azzarello - Cette année, nous avons fait une étude auprès des anciens finalistes de notre trophée qui récompense les meilleures entreprises âgées de dix ans en termes de croissance, d’innovation et d’emplois. Nous avons cherché à savoir quels étaient les facteurs clés de succès qui faisaient que certains réussissent mieux que d’autres. La question est stratégique car sur les 320 000 entreprises créées en 2004, il n’en reste seulement que  61 000. Parmi ces dernières, seulement 600 font aujourd’hui plus de 10 millions de chiffres d’affaires.
A l’origine de ces réussites, on trouve dans 95 % des cas des chefs d’entreprises qui ont fait des études supérieures. 65 % ont suivi les cours d’une école de management ou d’ingénieurs. Les créateurs ont eu le plus souvent une première expérience dans une grande entreprise. Enfin sachez que pour 70 % d’entre-eux, il s’agit de leur première création d’entreprise. D’une certaine façon, ils ont réussi du premier coup.
Comment cela est-il possible ?
Quand ils créent leur activité, ils ont une idée claire, du besoin auquel ils vont répondre, du facteur qui va les différencier sur le marché.
La réussite dépend donc de la personnalité, de la vision d’un homme avant tout ?
Non, je dirais que souvent c’est la vision d’une équipe. 70% des finalistes se sont lancé avec au moins un associé. Dans 40 % des cas, cet associé est un ancien collègue. Seuls 23 % des créateurs ont pour associé un membre de leur famille et 15 % un ou des amis. C’est le signe que ces créateurs avaient besoin d’un échange. Pour cela, ils ont construit puis fédéré une équipe autour d’eux.
Ces chefs d’entreprises ont-ils mis en place des politiques de gestion des ressources humaines particulières ?
Tous ont accordé une importance forte à la motivation, à l’engagement des salariés. 45 % d’entre-eux indiquent que la fidélisation des personnes et l’engagement ont été identifiés dès le début comme des enjeux majeurs. Nombreux sont ceux qui, pour cela, ont mis en place des systèmes de participation au résultat de l’entreprise.
Une autre particularité de ces chefs d’entreprise est que, tout en voulant fidéliser un noyau de collaborateurs, ils n’ont pas hésité à aller chercher des talents à l’extérieur de l’entreprise chaque fois qu’il y avait un cap difficile à passer. C’est vrai notamment dans les comités exécutifs, où ils ont fait entrer des personnes pour les aider à franchir le cap de la croissance. C’est souvent une décision difficile que de se séparer des membres de départ du comité éxécutif. Ceux qui réussissent ont su le faire au bon moment.
Quels sont ses moments critiques ?
Cela est évidemment très variable d’une entreprise à l’autre. A la création, on s’entoure d’amis, de collègues, avec lesquels des liens se créent. Parmi les moments critiques, on compte l’ouverture du capital, la conquête de marchés internationaux, l’irruption d’un concurrent qui rend obsolète le modèle économique existant. Ils exigent que l’on fasse appel à de nouvelles personnes, avec de nouvelles compétences.
Les créateurs des entreprises que vous avez sélectionnées ont-ils le charisme comme point commun ?
La capacité de mobiliser les équipes autour d’une idée est incontestablement un facteur clé de succès. Ensuite, pour y arriver, on trouve des profils de personnalité très différents. Certains sont très charismatiques, et savent par leur discours entraîner les gens. D’autres le sont beaucoup moins. Ce qui est frappant, c’est que les dirigeants savent trouver une personne complémentaire, pour pallier leur manque. En caricaturant, l’introverti va trouver un communiquant, l’extraverti, au contraire, trouvera une personnalité moins flamboyante mais plus analytique.
Depuis près de vingt ans que le prix existe, nous recevons les finalistes devant un jury et chaque fois ce qui nous frappe c’est la diversité des personnalités que nous auditionnons. Certains sont extravertis, d’autres ont des personnalités plus en retrait. Se connaître, pour trouver chez l’autre ce qui manque, est une bonne base pour le succès.
Propos recueillis par Christophe Bys

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