Les nouveaux usages d'aujourd'hui seront les business de demain.
Revue de presse sur les tendances et évolutions technologiques utiles.
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Le mariage de deux techniques de pointe permet d’analyser la
composition d’une surface à l’échelle la plus fine. Le nouvel instrument
européen, en cours d’industrialisation, est unique au monde.
C’est une vieille querelle. Chimistes et physiciens ont parfois du mal à
se parler. Ils n’emploient pas le même langage. Ni les mêmes
instruments. Mais c’est justement avec un nouvel instrument, unique au
monde, qu’ils vont avoir l’occasion de coopérer étroitement, jusqu’à
l’échelle du nanomètre. Car le NanoChemiscope 3D, résultat d‘un projet
européen de 4 ans, est le premier appareil qui étudie en même temps, à
l’échelle nanométrique, la topographie de la surface d’un matériau, ses
propriétés physiques et sa composition chimique.
Il devrait intéresser les chercheurs et les industriels qui développent
des technologies innovantes telles que des cellules photovoltaïques à
base de polymères et tous les revêtements et couches protectrices pour
les verres, les métaux, les plastiques… dont l’étude demande la
connaissance de la composition chimique à l’échelle la plus fine. Sur
le principe, rien de très neuf, car le NanoChemiscope est la réunion de
deux techniques existantes. D’un côté, le microscope à force atomique
(AFM) révèle la topographie d’une surface quasiment jusqu’à l’échelle
des atomes, et peut aussi mesurer des propriétés électriques ou
mécaniques locales. De l’autre, la technique de spectrométrie de masse
dite ToF-SIMS est déjà utilisée pour analyser avec précision la
composition d’une surface. Dans ce cas, pourquoi ne pas utiliser
successivement les deux techniques sur le même échantillon ? "En
passant d’un instrument à l’autre, on a pratiquement aucune chance
d’observer la même zone de quelques microns sur l’échantillon. En
intégrant les deux techniques dans le même instrument, on peut s’assurer
que l’on analyse bien la même zone, à quelques dizaines de nanomètres
près", explique Laetitia Bernard, qui a mené les études à l’Empa, le
centre de recherche suisse sur les matériaux, et partenaire du projet.
Ion-TOF, société allemande spécialiste mondial des instruments
ToF-SIMS, est responsable de l’intégration du système. Les deux
instruments ont été repensés spécialement pour leur intégration. Mais la
mise au point du NanoChemiscope 3D a demandé de multiples compétences.
Le logiciel, par exemple, qui réalise la corrélation entre les données
mesurées par l’AFM et le spectromètre ToF-SIMS, afin d’attribuer une
composition chimique à une zone très précise de l’échantillon, a été
développé à l’université technologique de Vienne (Autriche). Et
c’est l’Empa qui a répondu à l’un des principaux défis posés par la
conception, le système de déplacement de l’échantillon entre le
microscope et le spectromètre, à l’intérieur de l’appareil. "On a
rapproché les deux instruments autant que possible, mais il restait 23
cm à franchir. Notre système déplace l’échantillon sur cette distance,
et le repositionne avec une précision de 100 nanomètres… en moins d’une
minute !", souligne Laetitia Bernard. Les systèmes de micro
déplacement existant sur le marché ne vont pas au-delà du centimètre… Le
nouveau système, constitué de platines déplacées sur des rails par des
moteurs piézoélectriques, couvre la distance, à une vitesse compatible
avec la patience des chercheurs, tout en garantissant la précision du
repositionnement. Les rails ont été revêtus de couche de diamant (DLC)
ou de saphir pour éviter les effet de dilatation thermique.
Le prototype est maintenant en cours d’industrialisation chez Ion-TOF.
Beaucoup de travail en perspective, car il faut rendre l’appareil
simple d’usage, et optimiser sa conception afin de réduire son
coût : même un produit unique au monde ne se vendra pas à n’importe quel
prix ! Thierry Lucas
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